« Et les meufs, et si on allait faire la traversée intégrale des arêtes de l’Eiger ? », nous lançait Charlotte deux semaines avant notre week-end Grande Course. Et c’est ainsi que Cycy, Lulu et Seb lui répondirent en fanfare : « Ouiiiiiiii !!!! »
Bon avouons-le, la découverte des noms de montagnes en Suisse Allemand fût le « crux » du week-end et il nous fallut lire et relire encore et encore les topos avant d’y comprendre quelque-chose.

JOUR 1 : Traversée des Hörnli de l’EIGER
L’aventure commença à Alpiglen, un petit village de pâturages typiquement Suisse. Notre première mission consista à progresser sur un charmant sentier de randonnée en slalomant entre les salamandres pour grimper en direction de Ostegg Hütte. La vue est superbe, la face Sud-Ouest de l’Eiger nous surplombe, nous écrase et nous impressionne. C’est bien là-haut que nous allons, nous sommes surexcitées.
Après les premiers 800 mètres avalés sans difficulté, nous enfilons enfin nos baudriers pour attaquer la partie via-ferrata. Le caillou est mouillé, nous sommes dans les nuages, l’ambiance montagne est bien là. Puis nous zig-zaguons au milieu des cairns dans du rocher pourri et enfin nous sortons la corde. Brutalement, nous sommes stoppés par un bruit violent (un avion ?) puis une chute de pierre sur le casque de Lulu. Cet évènement nous rappelle à ce milieu hostile et la nécessité d’une concentration extrême. Fini les bavardages, nous progressons dorénavant dans le silence complet en veillant où placer nos pieds et nos mains.
Puis nous attaquons la partie grimpante de cette journée : le Hick. Cycy attaque la première avec le luxe d’enfiler ses chaussons, suivie de près par les trois autres qui doivent se contenter de leurs « grosses » : sensations garanties dans la dalle et sur les traversées !!
L’ambiance est majestueuse : les nuages nous enveloppent et laissent parfois surgir les sommets ou un bout de glacier. Nous ne voyons ni le sol ni le ciel, nous sommes perchés sur les arêtes de l’Eiger. Un dernier effort encore à coup de grimpette sur les arêtes nous amène plus lentement en direction de notre refuge.

Nous avançons comme des escargots, après plus de 2000 mètres de montée et 11 heures de progression, la fatigue commence à se faire sentir. Et c’est vers 18 heures que nous arrivons à Mittellegi Hütte pile poil pour le repas, accueillis par une gardienne adorable et dévisagés par une population d’alpinistes presque exclusivement masculine. Nos t-shirts roses et nos chevelures dénotent encore un peu par ici !!

C’est dans une ambiance très détendue générée par Seb, qui nous aura permis d’être hyper sereines, concentrées mais pas stressées. Au cours de cette soirée, nous ressentons cette alchimie entre nous quatre, et nous avons pleinement conscience de cette osmose. Les sourires se lisent sur nos visages, les fous rires s’enchainent et nous avons la chance d’assister à un coucher de soleil mémorable : une mer de nuage danse devant nous, les lumières rouges se succèdent, c’est un spectacle merveilleux qui ajoute encore de la magie à cette soirée parfaite.

Cependant, nous pouvons voir très clairement l’arête Mitelleggi que nous gravirons demain et d’ici c’est très impressionnant : l’arête nous parait très effilée et très aérienne. La peur s’empare presque un peu de nous… mais nous nous le confierons seulement le lendemain.

JOUR 2 : Traversée de l’arête Mittellegi
Au petit matin, nous décollons du refuge à 5h30, nous sommes les dernières cordées. L’ambiance est sublime : le ciel est rempli d’étoiles et les frontales des premières cordées illuminent l’arête devant nous. Lulu guide Seb, et Charlotte précède Cycy.
Nous sommes en pleine forme physique et mentale, Lulu et Chacha avancent à un rythme effréné et derrière, nous avons l’impression de les suivre en courant. C’est impressionnant autant que jouissif d’avancer avec une telle facilité. Les automatismes sont bien là et se font bien ressentir. Le cerveau est en ébullition, les jambes avancent à une allure folle, les mains et les pieds sont attentifs et précautionneux pour se poser sur le bon caillou et ne déplacer aucune pierre.
Dans ce rythme effréné, nous doublerons même un bon nombre de cordées, avec le sourire et une certaine fierté dissimulée. Nous atteignons le sommet en trois heures avec joie, fierté encore et beaucoup d’émotions !!

Mais la journée n’est pas finie ! l faut continuer et redescendre l’arête Sud avec un Seb qui nous impose au maximum des désescalades en évitant au possible les rappels dans un objectif d’apprentissage et avouons-le-nous, ça n’est pas notre spécialité. Nous aurions préféré poser des rappels plus confortables et plus rapides.

Après deux heures de descente, nous pénétrons enfin sur le glacier Guggigletscher pour une dernière étape en direction de Alpiglen par le train le plus cher du monde. Nous avions prévu d’aller grimper le Mönch le lendemain mais les orages sont trop menaçants, nous rentrons au bercail.

Ce week-end en groupe réduit, nous aura permis de réaliser une Grande Course et de tout faire en autonomie complète. Le calme, la sérénité et l’ambiance détendue permise par notre cher guidos nous a mis à l’aise pour nous sentir en confiance tout au long de cette aventure.
Nous prenons alors conscience de nos progrès au cours de cette année de formation au sein du GFHM et nous mesurons le chemin parcouru et notre chance. Nous apprécions notre accès à l’autonomie qui nous permet à présent de réaliser des courses de cette ampleur et la chance d’avoir gagné de nouvelles copines avec qui partager toutes ces futures aventures !!
Nous quittons alors la Suisse avec de beaux souvenirs en tête l’envie folle de revenir !!
A Suivre !
Chacha, Lulu et Cycy