Ski – alpinisme dans le massif du Mont-Blanc en demi-groupe

 8 et 9 mars 2024

Après s’être essayées à la goulotte et aux cascades de glace entre Janvier et Février, nous attaquons Mars avec notre premier weekend de ski !

Nous sommes en demi-groupe avec Max. On commence la préparation du week-end une quinzaine de jours avant la date prévue. Qu’est-ce qu’on a envie d’apprendre sur cette nouvelle thématique du ski alpinisme ? Les idées fusent, on veut faire du glacier, remonter des couloirs en crampons piolets, faire une arête hivernale skis sur le dos, descendre un couloir en virages sautés, revoir les manip’ glacier de progression et de sécurité, voire en bonus trouver une pente raide à descendre… les filles de Chamonix ont pleins d’idées d’application de courses côté Mont-Blanc. 

On propose plusieurs plans à notre guide, le couloir en Y de l’aiguille d’Argentière côté Mont-Blanc, le Mont pourri coté Vanoise et le Choroum Olympique côté Dévoluy. Reste plus qu’à attendre la météo pour finaliser notre choix. On pensait être larges avec 3 belles courses dans trois massifs mais c’était sans compter sur le retour d’Est et son effet de fœhn. Plus le weekend se rapproche et plus les conditions se dégradent. Ça nous semble mal parti. On regarde 5 fois par jour l’évolution en étant de moins en moins optimistes sur les possibilités qui s’offrent à nous. Le jeudi, on cale le programme du samedi : ce sera le col du Passon en démarrant tôt, au-dessus du glacier d’Argentière dans le massif du Mont-Blanc, la tempête est annoncée pour le début d’après-midi. Pour le dimanche, on attend encore de voir l’évolution du vent et des chutes de neige avant de se fixer. 

On se retrouve toutes le samedi matin aux Grands Montets. Direction le glacier d’Argentière, il n’y a pas une minute à perdre si on veut passer le col à temps. On choisit l’option la plus courte pour atteindre le glacier en descendant directement vers la cabane de Lognan plutôt que de basculer par le col des Rachasses. Vers 2300, on re-peaute en direction du glacier d’Argentière. À la bascule sur le versant, on sent les premières bourrasques de vent. Pile à l’heure prévue ! Pas de temps à perdre, les quelques rayons de soleil matinaux se retirent, les nuages arrivent, on sait que ça ne va faire qu’empirer, le vent est annoncé à 160 km/h là-haut pour le milieu d’après-midi. 

Le glacier est bien bouché, et connu pour être très peu crevassé à cet endroit, pas besoin de s’encorder. Par contre, arrivées au pied de la moraine, il faut faire attention aux chutes de blocs de pierre bien visibles qui tombent régulièrement. On met les skis sur le sac pour passer les 50m raides à pied. On rechausse les skis, direction le col. Plus on monte, plus le vent devient fort. Arrivées au pied du couloir, on met nos crampons, 1 piolet chacune, 1 bâton en complément pour les deuxièmes de cordées et on s’active, on y est presque. Nous sommes seules dans le couloir. On progresse régulièrement jusqu’à 30/40 m sous le col. Max nous donne quelques conseils pour bien rester collées à la pente et ne pas se faire souffler. On fait quelques arrêts quand les bourrasques sont trop fortes et on gagne le plus de terrain possible pendant les courtes accalmies. Arrivées sous le col, Max nous demande d’attendre. Au top départ, on passe d’un seul élan le col pour descendre s’abriter derrière un rocher de l’autre côté. Il est 12h30, les rafales sont à 110/120 km, l’objectif d’être en haut avant 13h est atteint mais il ne faut pas traîner, la tempête continue de se former. Impossible de chausser les skis ici, on descend à pied quelques dizaines de mètres. Le vent nous offre un répit confortable pour remettre nos skis et attaquer la descente. 

Plus on descend, plus le vent se calme. La neige soufflée depuis le début devient de la bonne poudreuse. Max en profite pour faire quelques coupes dans le manteau neigeux et nous faire observer les couches de neige. Une fois les difficultés finies et les cuisses ayant bien travaillées, on fait une courte pause pic-nic avant de rejoindre le village du Tour. Nouvel objectif : la boulangerie de l’Alpain pour un debrief et une formation théorique autour d’un bon chocolat chaud. 

Bien installées dans les canapés, on pose toutes les questions qu’on n’a pas eu le temps de poser pendant la course. Pourquoi on ne s’est pas encordées ici ? À quel moment ce passage-là nécessite des crampons ? On emmène quel type de corde si on a juste un glacier à traverser ? Les cordes Gully, elles marchent pour les arêtes ?  Il faut combien de mètres de corde pour s’encorder à la norvégienne à 3 sur un glacier ? C’est quoi déjà l’effet de fœhn ? 

Finalement nous sommes très contentes de la météo du jour, elle nous a permis de mieux appréhender les conditions difficiles qui peuvent intervenir en montagne. 

Nos gâteaux avalés, nous partons en Suisse, chez Oriane, passer la nuit et programmer la course du lendemain. On est comme à la maison. On a pleins de choses à se raconter depuis la dernière fois donc on papote de nos vies, nos projets, nos envies. 

Pour le choix du lendemain, Max nous pousse à nous placer dans notre futur rôle d’initiatrices-alpi : nous avons une sortie programmée avec un groupe, il faut organiser la journée la plus adaptée aux conditions. 

On se penche sur tous nos modèles météo, on compare, on discute, on débat. Difficile de trancher sur la meilleure option. Il va y avoir encore beaucoup de vent en altitude jusqu’en fin de matinée. La neige arrive ensuite mais avec une éclaircie possible en milieu d’après-midi. La température devrait rester constante. Après plusieurs versions proposées, on part sur une première partie de journée pédagogique au chaud – puis une seconde sur le terrain. Pour le lieu, on affinera en fonction des ouvertures de télécabines maintenues ou non le lendemain.

Dimanche on démarre par des exercices pratiques, on a repéré la veille le spot idéal, adapté à l’exercice, à… 4 mètres de la porte d’entrée d’Oriane. Une belle poutre au-dessus du vide avec un petit muret pour se suspendre. L’objectif est de faire une remontée sur corde toutes équipées avec skis, sacs lourds, moufles, doudounes, casques, anneaux de buste etc.

Présentation des étapes d’une remontée sur corde réussie :

Max nous fait la démo et on passe ensuite les unes après les autres. Il a installé un système en moulinette, plus on monte, plus il nous fait descendre. Les 3 m remontées se transforment en 10, histoire de bien prendre le rythme. Nous avions déjà vu la manip’ mais en version allégée (tee-shirt / basket). En faisant cet exercice, on se rends compte que finalement, la remontée en elle-même n’est pas le plus dure une fois que tout est en place. Les étapes d’avant, retirer les skis, le sac et les suspendre sont bien plus fatigantes. On teste aussi nos équipements, des gants trop gros, un sac mal réglé, etc. 

En fin de matinée, direction le plan de l’aiguille. La remontée vient juste d’ouvrir. Arrivées là-haut c’est jour blanc / brouillard. Parfait ! C’est exactement ce qu’on avait prévu. On commence par apprendre à se repérer dans le brouillard. Avancer encordées au milieu des crevasses quand on ne voit pas à 3 m. On teste la technique du lasso de sangles et celle de la sonde lestée. Marion et Estelle décident de mixer les deux pour un résultat optimal, Max valide l’idée, on vient de transcender nos capacités à nous repérer dans le brouillard !

Dernière étape du jour, revoir la mise en place d’un corps mort, le mouflage mariner double en configuration ski de descente. On creuse et on mouline.

La fin de journée se fait autour d’un nouveau chocolat chaud pour débriefer de tous nos apprentissages. 

Ce fut encore un weekend riche. La météo très défavorable nous a permis de bien approfondir nos connaissances techniques et de mieux anticiper les conditions climatiques et de nous éprouver dans un environnement défavorable.

Notre sortie au Col du Passon est publiée sur Camptocamp : https://www.camptocamp.org/outings/1627293/fr/col-du-passon-traversee-s-n-col-des-grands-montets-le-tour

Estelle, Oriane Marion B et Marion R-S 

Alpinisme hivernal mixte dans le massif de la Vanoise en demi-groupe

 3 et 4 février 2024

C’est un week-end d’alpinisme mixte en demi-groupe qui s’annonce. Les groupes sont faits, mais les voies pas encore identifiées.

A peine le début de semaine commencé, Max nous envoie un petit message pour nous dire que les conditions de la goulotte Grassi sont au top cette année et qu’elles n’ont pas été comme ça depuis très longtemps. On se renseigne, on regarde le topo, les avis camptocamp, oula ça a l’air d’être costaud mais Max est confiant.

Alors c’est parti, on réserve un airbnb, non sans mal. Le Grand Parcours Bessans a lieu ce weekend-là. C’est un rassemblement de glaciéristes de tous niveaux. Il va donc y avoir beaucoup de monde dans les cascades de glace à Bessans ce même week-end.

Le vendredi soir arrive enfin, on arrive assez tard au airbnb après nos journées de boulot mais on est bien motivées et il va falloir l’être car le réveil est programmé à 4h (et oui la goulotte ça se mérite).

Les sacs sont prêts de la veille, on enfile nos vêtements, on mange un bout et c’est parti : direction la goulotte Grassi. Il ne fait pas si froid, il va falloir être efficaces. On sort de la voiture et là 2 frontales déjà sur la marche d’approche et zut on ne sera pas les premières. On se dépêche, on met du rythme, il ne faut pas se faire doubler par d’autres frontales qui arrivent derrière. La pente de neige se raidit, on sort les crampons et là, oupsii, Laura se rend compte qu’elle a pris la mauvaise paire. Personne ne se démoralise, Karine ira en tête et Laura arrivera sans soucis en haut de la goulotte, bien joué les machines!

On en était où ? Ah oui l’approche. Elle est efficace, nous voilà arrivées à la 1ère pente de neige, on s’encorde sur un replat, on sort les broches, friends, sangles, dégaines. La 1ère s’engage jusqu’en bas du 1er cigare où elle fait relai sur broches.

La 1ère longueur est impressionnante à la frontale, mais quand faut y aller, faut y aller. Tout se passe super bien, la glace est au top et nous pouvons nous protéger facilement.

Max ne nous avait pas menti, les conditions sont démentes. On enchaîne longueur de glace et couloir de neige le sourire aux lèvres. Chaque longueur est incroyable, le paysage est magnifique, le temps est parfait, pas de peur que du bonheur.

Retour matinal  – © GFHM

Après une dernière longue pente de neige, nous arrivons « au sommet » : vue incroyable. On mange un bout mais il ne faut pas se déconcentrer, il y a encore une pente assez raide à traverser avant de pouvoir redescendre tranquillement dans la forêt.

On arrive à la voiture super fière de nous mais avec un gant en moins, il a malencontreusement chuté … Apparemment la goulotte, ça n’était pas fait pour lui.

C’était une journée riche en apprentissage pour nous toutes. C’était pour certaines leur 1ère goulotte, pour d’autres les 1ères longueurs en tête avec les 1ers relais à construire en glace. En tout cas, merci à Max pour ce super choix de goulotte qui était en conditions parfaites et adaptée à notre niveau. 

On rentre au airbnb des étoiles pleins les yeux.

Demain au programme : apprentissage sur un site de couenne et grande voie de 2 longueurs. Ça sera plus cool, enfin pour l’apprentissage mais pas tellement pour l’heure de réveil. 

Après une soirée riche en petits plats et en tentative de mousse au chocolat, on file au dodo pour une nuit réparatrice. 

« Hum mais pourquoi tentative de mousse au chocolat ?! « 

  • Parce que le chocolat cuit aura eu raison de l’alarme incendie.
  • Parce que la mousse au chocolat aura fini au congélateur pour essayer de se solidifier; échec ce sera du coulis de chocolat aux œufs. 

Mais qu’est-ce que c’est bon !!!

Le réveil sonne, c’est reparti, on est un peu moins efficace que la veille mais on essaye de se bouger : il y aura du monde attendu aujourd’hui sur la cascade de Landry. 

On débute la journée par des apprentissages : le brochage, les relais, le planté de piolet, le planté de crampons, les techniques de grimpe sur glace, tout y passe. 

Le jour se lève tranquillement quand on commence à grimper pour nos 2 longueurs. Arrivées en haut, on aperçoit les nombreux participants du Grand Parcours Bessans se diriger vers notre voie. On va donc leur laisser la place et redescendre se mettre dans un coin de la cascade pour apprendre à faire des rappels sur Abalakov.

On s’entraîne à brocher – © GFHM

Après avoir fait le tour de toutes nos questions et interrogations, on rejoint les voitures. Juste le temps de prendre un goûter et de plier bagage, il est déjà l’heure de rentrer. 

Merci à max pour le choix de la goulotte et pour tous les apprentissages, merci au groupe pour cette ambiance, complicité, soutien, motivation et entraide. Et Merci à la FFCAM de nous permettre de vivre de tels moments.

Caroline, Karine, Estelle, et Laura

Alpinisme hivernal mixte dans le massif du Taillefer en demi-groupe 

 3 et 4 février 2024

C’est un week-end d’alpinisme mixte en demi-groupe qui s’annonce. Les groupes sont faits, mais les voies pas encore identifiées. Nos biscotos sont encore bien chauds du week end précédent à l’Ice Climbing, les plaies presque cicatrisées, les bleus et hématomes un peu résorbés, les piolets et crampons à peine séchés. Nos broches tout juste rangées. Quant à nos cordes… à peine localisées. 

Commence alors le ping-pong des idées de sortie, gagné haut la main par Marion B, qui a plus d’un itinéraire dans son sac à nous suggérer. De fil en aiguille, de cascade en cascade, on finit par construire ensemble un projet qui nous donne des papillons dans le ventre. Seb nous propose une aventure immersive, avec une nuit dans une cabane non gardée, ainsi qu’une potentielle ouverture de voie dans le massif du Taillefer. 

Après nos premières expériences, on a bien compris que la veille d’une sortie GFHM, on devrait se préparer mentalement et physiquement comme la veille d’une finale de Jeux Olympiques. Sommeil, concentration, préparation. Seulement voilà, ça ne se passe JAMAIS comme prévu. Cette fois-ci, c’est Oriane qui voit sa voiture s’éteindre sous ses yeux, en plein embouteillage à l’entrée de Grenoble le vendredi soir. Pousser (hystériquement) la voiture, appeler les copains munis de clés de 13 et de 10, changer la batterie de nuit à quatre à la lumière du téléphone (pour réaliser que ce n’est finalement pas un problème de batterie), acheminer la voiture de nuit sur autoroute sachant qu’elle peut s’éteindre à tout moment, il n’y a rien à dire, Oriane n’a RIEN lâché. Cet aléa nous a rappelé le challenge de concilier nos vies déjà blindées avec l’exigence du GFHM, et de la disponibilité mentale que demande une course en montagne. 

Montée chargée à la cabane de la Jasse, et les Rochères en arrière plan – © GFHM

Le samedi arrive enfin. Le programme est donc annoncé : un exercice pédagogique sur une ligne de cascade de glace du lac Fourchu le premier jour, la nuit dans la bergerie de la Jasse, puis une réalisation en ouverture de goulotte sur la face nord est des Rochères. Une fois garées au parking de la Grenonière à Ornon, nous entamons notre montée en étant ultra chargées jusqu’à la cabane, sous un soleil de plomb, et profitons de nos haltes pour observer les lignes envisageables sur les faces des Rochères. Dans nos sacs, nous avons des vivres, du bois, bref, de quoi tenir une nuit dans une cabane en hiver. Cela nous met aussi dans le bain de notre future expédition l’année prochaine, où l’on se résoudra peut-être à acheminer de la nourriture plus légère. Après une installation sommaire dans la cabane de berger et un casse-croute efficace, nous partons enfin en direction de la cascade du lac Fourchu, en pensant à l’autre groupe qui termine probablement sa première journée. 

La cascade de droite des Lacs Fourchus – © GFHM

Ce week-end, pour l’approche, nous troquons les skis contre des SnowPlak, ces raquettes légères qui nous donnent l’impression de marcher sur la lune. Non non, notre guide Seb ne nous a pas payées pour mentionner ce produit qu’il a coconçu, co-commercialisé, et dont il a vanté les mérites durant toute la montée, on a nous-mêmes trouvé ces SnowPlak géniales en les testant. C’est donc à 13h30 que nous attaquons la Cascade Fourchue de droite. La ligne est superbe, la cascade bien fournie. Dans l’émulation du départ, nous croyons en nous, en nos muscles, et en notre force. Au premier relai, après quelques suées, quelques injures, on est KO. Rien à dire, la ligne était belle. Nous montons la cascade en 3 longueurs, avant de redescendre une partie en rappel, puis dans des traversées neigeuses plutôt exposées, sur lesquelles nous installons des mains courantes. De cette journée pédagogique, on a bien mis en pratique le brochage, les relais sur broche, les lunules pour des descentes en rappel. Le retour s’effectue à la frontale, la tête dans les étoiles. 

La soirée dans la cabane de la Jasse se déroule joliment, en compagnie du club universitaire de Grenoble, venu faire une sortie raquette/raclette. En interne, notre débrief s’articule autour de notre volonté d’engagement sur la glace. Malgré nos différences de forme physique et mentale du week-end, nos vécus et expériences en montagne hétéroclites dans le groupe, notre constat, lui, est plutôt homogène : ces sorties demandent de l’engagement, et l’on discute ensembles de ce que l’on cherche en montagne, de cette frontière délicate et si poreuse entre le plaisir absolu et la peur abominable.  Pourquoi passe-t-on du tout au tout en cascade ? Pourquoi on aime, et la seconde d’après, on déteste ? Redescendre sur des pentes à 50 degrés exposées nous fait aussi réfléchir, et semble parfois aller au-delà des limites de pratique alpine qu’on s’accorde. Bref, ce week-end, on se pose plein de questions. 

Qu’à cela ne tienne, le lendemain, c’est toujours la journée de l’ouverture de voie. Malgré un gros surbooking et la forte densité de personnes emmitouflées au mètre carré en ce samedi soir dans la cabane de la Jasse, la nuit n’était pas si mauvaise. Au lever du soleil, on s’approche timidement du pied de la face est des Rochères, sur des pentes encore une fois très inclinées. Il est intéressant de noter que de près, au pied de la face, toutes les voies qu’on avait observées sous d’autres angles changent encore de visages, et nos plans initiaux avec.

Quand Seb nous annonce ce qui nous attend, et qu’on n’y croit qu’à moitié – © GFHM

Plutôt que d’attaquer la voie centrale, dont la ligne semblait plus évidente de loin et mieux fournie en glace, on part sur la ligne de gauche, qui présente de la glace, du mixte, un bout de goulotte, puis de la progression sur neige. Sept longueurs au total, et 430 mètres de dénivelé. Les longueurs s’enchaînent, toutes différentes. Nous nous protégeons avec notre panoplie broche – sangles – coinceurs – friends. La voie est parfois difficile à protéger, ce qui pimente encore un peu plus notre ouverture. Nous alternons de façon naturelle les longueurs en réversible. L’énergie est là, l’efficacité aussi. Seb nous laisse prendre le lead, lire la voie, construire nos relais, tout en gardant un œil sur nos constructions éphémères. La dernière longueur en corde tendue, sur neige en pente raide s’étale sur 150 mètres.

Progression dans la 3eme longueur, en mixte – © GFHM

Seb nous apprend à nous débrouiller avec le peu qu’il reste sur notre baudrier, une sangle et 2 broches, et cet enseignement nous semble vraiment utiles.

Nous atteignons enfin l’épaule, après 9 heures d’effort. La fatigue se ressent, mais les 75 minutes suivantes de descente en traversée, en corde courte dans des rampes dont quelques passages à 40 degrés imposent qu’on reste concentrées jusqu’au bout. Pas le droit à la chute. On arrive enfin à la cabane de la Jasse, ivres de fatigue et de joie. Le temps de replier notre campement nocturne, et refaire les sacs pour la dernière descente, c’est sans surprise dans la nuit, à la lumière de notre frontale que nous entamons la dernière descente vers la voiture. Même si épuisées, on se sent finalement plus légères, et fortes de notre réalisation. On a adoré alterner entre rocher, neige et glace, apprendre à lire le relief sous nos yeux, plutôt que de lire un topo. On a suivi une ligne, et exploré une voie, à la force de notre bon sens et notre raisonnement collectif. La dynamique solidaire et bienveillante du groupe participe aussi au bonheur de la réussite. Il nous reste à trouver un nom de cette voie : ‘’les Demoiselles des Rochères’’. Attention, en légende, on insiste qu’on veut calquer sur le cliché de cette comédie musicale une réelle image de féminité, de force et d’engagement, un peu comme nous quoi !

D’ailleurs, notre topo est là : 

https://www.camptocamp.org/routes/1616483/fr/les-rocheres-les-demoiselles-des-rocheres-face-nord-des-rocheres

Bon, à nous lire comme ça, on penserait presque qu’on arrache les mots de la bouche de Benjamin Védrines ou d’autres alpinistes athlètes après une performance surhumaine. Que nenni ! Halte au malentendu ! Oui, surtout, ne pas se méprendre : notre réalisation n’atteint pas la cheville, ni même le doigt de pied de ces athlètes qu’on porte haut dans notre estime, et dont on n’arrête pas de parler. Nous, les alpinistes en herbe enneigée, ne remportons aucun Piolet d’Or, mais peut-être le Piolet du week end mal engagé qu’on a finalement brillamment surmonté ! Ou le Piolet d’être nous-mêmes, avec, pour certaines nos vies déjà super remplies, nos boulots, pour d’autres nos enfants, ou encore nos partenaires, et nos galères, nos passés, nos peurs qui pèsent parfois lourd dans notre sac. Le Piolet d’aller au bout de nos efforts pour nous dépasser, nous reconstruire, et apprendre ensembles sur des voies hyper exposées. Il est temps de raccrocher nos piolets, d’atterrir doucement, revenir dans notre quotidien, et dormir enfin.

Marjolaine, Oriane Marion B et Marion R-S 

Ice Climbing 

25-28/01/2024

Même pas deux semaines depuis notre dernier week-end et nous voilà de nouveau réunies : on sent que le rythme se remet en place petit à petit…!

Karine, Oriane, Marjolaine et Laura se retrouvent pour un départ (très…trop) matinal le jeudi matin avec pour objectif de skier autour du Lautaret. Après un débrief BERA-topo-café-cookies au col du Lautaret, la fine équipe s’élance à l’assaut du Pic Blanc du Galibier (oui oui, à 10h40…). Finalement, il ne fallait pas partir plus tôt : on sera récompensées à la descente d’une bonne moquette de Janvril!

Une autre team composée des Marions et Lara ira découvrir les pentes du Col de Laurichard.

Finalement, nous nous retrouverons toutes le jeudi soir (après un sauna pour certaines) pour rencontrer nos guides du lendemain : on profite pour déambuler dans les stands du village de l’Ice et rencontrer notre partenaire Millet.

Le lendemain, une partie des filles ira sur le site d’Aiguilles tandis que les autres se rendront à Cervières. Au programme : reprise de sensation sur la glace, prise de confiance sur les crampons et les piolets, exercices de traversée, brochage, construction de relais, première longueur en tête pour certaines et Dry tooling pour les infatigables. Une bien belle journée sous un soleil qu’on ne verra que de loin, et c’est tant mieux : les conditions sont très difficiles ce week-end car il fait chaud, trop chaud pour la saison. Nous avons déjà de la chance que certaines cascades résistent…

Le samedi nous nous retrouvons en groupe de 4 avec un guide pour perfectionner nos techniques de glace et grimper en tête ! Un groupe ira à Saint-Véran tandis que l’autre se rendra aux filles de la Monta.

Grimper en petit groupe nous permet d’avoir des conseils personnalisés des guides, de prendre confiance au fur et à mesure de la journée et de bien progresser ! Un petit clin d’oeil pour Estelle dont c’était l’anniversaire ce jour-là 😉

Notre dernier jour est déjà arrivé : après une matinée de rangement/ménage/réunion,  Les Marions, Marjolaine et Oriane prendront la route de Grenoble tandis que Karine, Estelle, Caroline, Lara et Laura iront grimper au Pouit : l’occasion de profiter encore un peu de ces conditions exceptionnelles et du beau rocher des Hautes-Alpes. Bref, encore un beau week-end bien riche en émotions, en activités, en rire et bonne humeur !

La team en pleine réflexion, stay tuned 😉 @GFHM
on fait péter le tee-shirt ! – @GFHM

Bien évidemment, toutes nos soirées ont été ponctuées d’apéro, de bons repas maisons et de la traditionnelle tisane-chocolat ! On en a même profité pour commencer à parler de notre expé 2025…. on vous tiendra bien évidemment informés ! 😉 

Caroline, Marjolaine, Marion, Karine, Estelle, Marion, Oriane, et Laura

Week-end Nivologie

06-07/01/2024

C’est la rentrée ! Après 3 mois sans week-ends encadrés (mais pas sans se voir!), il était grand temps de se retrouver toutes les 8. Au programme : nivologie. Et oui, car avant de commencer notre cycle hivernal de formation, il faut d’abord poser les bases : comprendre la neige, les risques qu’elle engendre, et les comportements à adopter pour limiter ces derniers. C’est Max qui sera avec nous pour ce module.

La promo du soleil a manqué son rendez-vous pour ces deux jours : la neige est attendue tout le week-end. Finalement, pour étudier la nivologie, c’est peut-être pas plus mal ?

Marion R-S propose de nous héberger chez elle à Megève, ce qui nous permettra d’être au chaud le soir, on est toutes ravies !

On se retrouve donc le samedi matin à la station des Contamines : on est super contentes de se retrouver car pour certaines, ça fait vraiment longtemps qu’on ne s’est pas vues ! Pour ce week-end, on change du rythme d’habitude : pas besoin d’être là pour les premières remontées, par besoin de se presser, et physiquement c’est surtout être statique dans le froid qui sera fatiguant. 

On commence cette journée au café : petit tour de table de notre météo intérieure, puis c’est parti pour la partie théorique. On révise notre matrice 3×3 d’évaluation du risque, puis Max nous détaille comment appréhender le danger en montagne en hiver : tout d’abord s’interroger sur la pente (est-ce que l’inclinaison de la pente représente un danger en fonction de la qualité de la neige), puis sur la nivologie (quelles sont les situations avalancheuses typique du jour, analyse très fine du BERA, identification des zones critiques de ma sortie et adaptation), et enfin la gestion de groupe (adapter son comportement pour limiter le danger : espacement entre les participants, îlots de sécurité,..). 

Après ce gros point théorique, il est temps de passer au terrain ! Dehors, c’est un peu la tempête : peu importe, on est bien équipées avec nos 36 couches (l’occasion de tester si toutes les couches Millet peuvent s’empiler sous la gore-tex!), nos thermos, nos masques et notre bonne humeur ! Arrivées au sommet de la station, nous trouvons l’endroit idéal pour notre atelier pratique : Coupe de neige, sondage, pelletage, et même construction d’un igloo pour 8 (bon ok, on était un peu serrées…).

Le temps passe très vite, il est déjà temps de rentrer. Direction chez Marion pour se mettre au chaud, préparer le repas du soir, et se remettre au travail… ah non, on peut pas, y’a apéro : on termine cette soirée autour d’une galette maison pour fêter l’anniversaire de nos deux Marion !

Le lendemain matin, on commence la journée par des exercices de lectures fines de BERA mises en relation avec des sorties : on analyse tout dans les moindres détails, on essaye de comprendre quels sont les risques, où ils se situent, est ce qu’ils sont évitables, comment préparer sa sortie et comment réagir sur le terrain. On prend toutes conscience qu’on a beaucoup appris la veille et qu’on ne préparera plus une sortie de la même façon. Oriane, qui s’est bloqué le dos et n’a pas pu se joindre à nous pour le week-end, est présente en visio : une grosse pensée pour elle.

L’après-midi nous retournons sur le terrain : recherche de DVA, organisation des secours, sondage et pelletage, on finira ce week-end par une mise en situation en multi-victimes. Une fois n’est pas coutume, on explose les horaires et ce sont les pisteurs qui viennent nous chercher pour nous demander de redescendre.

Ce week-end aura été l’occasion de poser les bases pour la suite de l’hiver : nous avons toutes énormément appris, compris et réalisé qu’une sortie hivernale nécessite une grosse préparation. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne regardera plus jamais un BERA de la même façon !

Caroline, Marjolaine, Marion, Karine, Estelle, Marion, Oriane, et Laura

Clap de fin de la saison estivale : alpinisme rocheux, à l’abri de la pluie!

15-16-7/09/2023

Après une courte pause au mois d’Août, c’est l’heure de se retrouver ! Au programme : jongler avec une météo un peu capricieuse, des refuges déjà pleins et la logistique habituelle du GFHM ! Jusqu’au dernier moment (c’est-à-dire 2 jours avant), nous ne savions toujours pas où nous allions passer le week-end : et oui, c’est ça aussi la montagne, savoir s’adapter et retomber sur ses pattes à tout instant.

Après un dernier check météo, Max et Seb nous proposent de se retrouver autour de Chamonix plutôt que dans les Écrins, le massif du Mont Blanc semblant épargné des pluies grâce au Foehn présent ce week-end là. Oriane se propose immédiatement de nous accueillir chez elle, c’est ainsi que nous débarquons à 8 le vendredi soir : notre hôte n’a pas fait les choses à moitié et une quantité astronomique et gastronomique de bonne (très bonne) nourriture nous attend, nous sommes gâtés. Une grosse pensée pour Caro qui ne sera pas de la partie ce week-end (mais bon, un voyage en Polynésie n’est pas une mauvaise option non plus 😉 ) ! 

Nous avons à peine le temps de papoter car il faut passer aux choses sérieuses : la course du lendemain est à préparer, les cordées sont à faire… Après une organisation rapide et efficace, nous mettons les réveils pour le lendemain : 4h, ça va piquer, mais quand on aime, on ne compte pas (et surtout pas les heures de sommeil).

Réveil de l’équipe au rythme du soleil © GFHM

C’est parti pour notre première course : Les Perrons de Vallorcine dans les Aiguilles Rouges, en traversée Est – Ouest. Le but : gestion de la corde sur un terrain parfois grimpant, parfois marchant, pose de protections et efficacité dans nos manips (rien que ça !). C’est ainsi que nos 9 frontales s’élancent sur la marche d’approche : il a plu dans la nuit, le terrain est glissant. Deux ressauts sont à passer avant l’attaque de la course : nous nous encordons au pied du premier et continuons d’évoluer jusqu’à la brèche entre les deux Aiguilles du Van qui marque le début de la course. Suite à une chute sans séquelles, Marion B ne réalisera pas la course ce jour-là. Cet événement nous sert de piqûre de rappel : même l’approche fait partie de la course, et la vigilance est de mise à tout instant.

Evolution du groupe sur les Perrons de Vallorcine, dans un cadre spectaculaire © GFHM

Nous progressons assez rapidement, sous l’œil vigilant de Seb et Max qui veillent à nos manips : nous prenons toutes conscience qu’entre le premier week-end et ce jour-là, de sacrés progrès ont été faits ! Malgré un temps gris et maussade annoncé, le soleil fait de timides apparitions et nous conforte dans le choix de cette course. Après quelques heures sur l’arête, nous arrivons au sommet final (et sans exploser les horaires !) juste à temps pour redescendre à la gorge de la Veudale puis dans le fond de vallon avant que les premières gouttes de pluie n’arrivent ! 

Retour pluvieux, retour joyeux © GFHM

Pas le temps de se reposer, il faut préparer la course du lendemain. Deux choix s’offrent à nous : l’Arête des Papillons et l’Éperon des Minettes. Après hésitations (1 ou 2 groupes, quelles cordées, etc…), nous faisons le choix de toutes aller sur l’Éperon des minettes. C’est une course plus engageante, parfois assez grimpante et dont le cheminement n’est pas évident : un beau challenge ! Les cordées sont faites, le matériel préparé, la course étudiée en détail : nous sommes prêtes !

Après une rapide montée en téléphérique jusqu’au Plan de l’Aiguille, nous nous lançons sur l’approche de l’Éperon. Un éboulement assez impressionnant dans la face Nord de l’Aiguille du Midi nous rappelle à l’ordre, la montagne bouge et il faut être vigilant ! Nous nous élançons dans la course qui demande de la gestion de corde, de matériel et de l’attention dans son cheminement. L’éperon se décompose en dix longueurs grimpantes dans un niveau variant entre le 4 et 5 chamoniard, que nous gravissons sans chaussons, et constitue une course idéale pour se familiariser avec le granit fissuré chamoniard et la recherche d’itinéraire. Pour certaines, l’enseignement du week-end se focalisera sur l’importance de placer ses relais dans des lieux stratégiques, pour d’autres sur la gestion des poses de points pour minimiser le tirage. Pour toutes, nous progressons encore et toujours dans le thème de la pose de coinceurs (est-ce qu’un jour viendra, où les guides n’auront absolument plus rien à redire sur nos poses de friends ???). Pour tenir l’horaire et ne pas rater la dernière benne, il nous faudra être rapides et efficaces : ça tombe bien, c’est notre thème du week-end.

Avec ce week-end riche et dense, notre première saison estivale 2023 s’achève. En quelques mois, que d’émotions, et de progrès. Nous avons côtoyé la montagne comme jamais, entre le massif du Mont Blanc, de la Vanoise et des Ecrins. Cette montagne, nous l’avons approchée, respectée, jamais dominée. Elle nous a envoyé quelques signaux d’alerte, de mises en garde, nous a montrés qu’elle restait reine dans toutes les situations, majestueuse, parfois cruelle. Elle nous a donné le ton parfois grave, parfois joyeux. Nous signons impatiemment pour la suite, toujours avec ce sentiment d’être chanceuses de pouvoir progresser techniquement, mais aussi discuter de notre engagement, nos doutes, nos envies dans ce cadre extrêmement bienveillant et humain du GFHM. Bon automne à toutes et à tous, restez en ligne pour suivre nos sorties off de l’automne. 

Cadrage semi-parfait pour une équipe au sommet de sa photogénie, au sommet des Perrons de Vallorcine. Dédicace aux 3 membres absentes du groupe – © GFHM

Marion & Marion, Karine, Laura, Estelle, Marjolaine et Oriane