Cascade de glace dans le Queyras, 18 & 19/02/23

C’est en équipe réduite à 4 que nous nous sommes rassemblées le week-end dernier dans le Queyras : Maria, qui est arrivée en milieu de nuit après une grosse journée à accoucher des petits veaux, Vane, Elo et Cycy.

Nous avons eu la chance d’être encadrées par le grand, le seul et l’unique Christophe Moulin, grand précurseur de la grimpe sur cascade de glace à une époque ou les broches light de Petzl n’existaient pas encore !!

Nous nous sommes laissées embarquer par son énergie débordante et son enthousiasme légendaire au travers des cascades du Queyras qu’il connaît comme sa poche !

Premier jour, Samedi 18/02, nous l’avons suivi jusqu’aux Orres “Aux sources de Jérusalem”, une très jolie cascade sauvage en plein milieu de la forêt et des montagnes qui nous fera office de couenne pour notre reprise de la glace au sein du GFHM.

Christophe nous a d’abord préparé des petits exercices d’apprentissage pour reprendre nos sensations et revoir les bases : révision du swing du poignet, traversées horizontales en croisant nos mains sur les piolets, montées avec deux puis un seul puis sans piolet, reprise du brochage avec la main gauche (toujours compliqué, sauf pour Elo, notre benjamine), construction de relais triangulés sur broches.. Bref, tout ce qu’il faut pour se sentir les reines de la cascade… ou pas.

Pas chassés synchronisés – @GFHM

Cette jolie cascade avait en plus le luxe d’être au soleil le matin !! De quoi nous faire adorer la grimpe sur glace !!

L’après-midi nous nous sommes embarquées dans une petite grande voie de 4 longueurs dont la dernière sur un joli cigare accessible pour nous. Ce fut un très bon exercice pour nous préparer à notre aventure du lendemain .. Malgré les températures douces et inquiétantes des derniers jours, la glace fut de très bonne qualité et nous a permis d’être en confiance sur nos ancrages.

Christophe est toujours prêt de nous et ses conseils sont très précieux pour progresser en sécurité et en confiance.

Vane, la championne nationale de la cascade Belge excelle une fois de plus dans toutes les longueurs en tête et particulièrement dans le cigare où elle nous épatera toutes !!

Vane et son cigare – @GFHM

Après cette première journée riche en apprentissages, nombreux échanges avec Christophe et éclats de rire comme d’habitude, nous profitons du début de soirée pour travailler sur notre expédition du mois de juin qui clôturera nos 2 ans de formation. On sort tout l’attirail : ordinateur comme les pros, cartes ign imprimées en A3, iphigénie, komot, topos, et nous étudions, le cerveau en ébullition, toutes les possibilités d’itinéraire qui s’offrent a nous en envisageant 10 plans B. Et tout cela, une bière à la main et un burger frites maison préparé avec soin par Véro notre hôte-maman de Mont Dauphin que nous avons très vite adoptée et que nous embarquerons bien dans toutes nos aventures !!! 

2ème jour, Dimanche 18 février, nous filons vers Ceillac en direction d’une grande voie qui nous fait toutes rêver depuis des lustres : “Les formes du Chaos”, une belle cascade en 6 longueurs qui correspond pile poil à notre niveau, dans le sens où nous sommes capables de la grimper en réversible mais à ce jour la présence de Christophe est très rassurante et stimulante. 

Par chance, la cordée qui nous précède est déjà assez loin et nous serons suivies par des cordées italiennes bien plus tard, ce qui nous assura une sérénité parfaite durant toute l’ascension.

Même dans la difficulté on n’oublie pas le smile Signal White Now – © GFHM

Les longueurs s’enchaînent avec facilité pour l’ensemble du groupe, sauf pour Cycy qui ressent pas mal d’appréhension sur la glace mais la force du groupe, les encouragements de Maria, la patience et les conseils avisés de Christophe lui auront permis de faire sa part du job et d’assurer elle aussi quelques longueurs en tête. 

Cycy qui finit par s’approprier et (presque) s’amuser en tête ! – © GFHM

La dernière longueur est nettement plus verticale et c’est avec excitation et engouement que Elo et Vane se sont lancées le défi de sortir la corde !!

Elo s’en sort haut la main avec une facilité déconcertante tant dans la fluidité de sa grimpe, le choix avisé de son itinéraire et dans la pose de ses protections. La cascade de glace, c’est décidément son truc !!!

Enfin Vane, qui désirait mesurer ses limites en glace, fut mise à l’épreuve lorsqu’il fallut brocher alors qu’elle était en déséquilibre sur un passage bien vertical et un piolet ancré trop proche de sa future broche. Leçon numéro 56 : “ ranges ton baudrier ou fais un trou dans l’air”. Bonne nouvelle, ses broches étaient bien ancrées et son vol n’eut aucune conséquence pour elle à part un cri bien aigu et un atterrissage la tête à l’envers et les pieds bien écartés.

2min avant le vol : Vané randonne dans le vertical – © GFHM

Bref, c’est dans un enthousiasme général que nous sommes redescendues au village avec la satisfaction d’avoir encore bien progressées depuis l’an dernier et l’envie folle de remettre ça !!

Merci infiniment à Christophe de nous avoir gentiment proposé cet encadrement avec lui !!

A bientôt pour de nouvelles aventures !!!

Cyrielle, Maria, Elodie, Vanessa.

Big love aux autres poulettes qui n’ont pas pu être là.

Ski de rando dans le Beaufortain

21-22/01/2023

C’est un week-end de goulotte en demi groupe qui est prévu. Mais ça vient juste après d’importantes chutes de neige, et des températures glaciales sont annoncées. Bref, rudes conditions pour la goulotte, on n’a pas trop envie de voir des tonnes de poudres nous tomber sur le nez. On préfère l’avoir sous les skis. Les guides décident d’une arête dans les Écrins. Arête ouest de la Pare aux Trois Évêchés, c’est sensiblement ce qu’on a fait avec les cobayes lorsqu’on a passé le diplôme d’initiateur. Là, notre motivation est au ras des touffes d’herbes, on est glacées rien que d’y penser.

Mais mercredi, changement de programme : et si , au vu des conditions, on se faisait un week-end ski toutes ensemble avec Max ? Zou, au lieu de se geler sur une arête, une virée en Vanoise au départ de Tignes nous rebooste, on va RIDER! 

Le projet est de faire deux sommets à plus de 3000 avec une nuit en refuge non gardé. Le grand froid est annoncé, mais le beau aussi !! 

On est toutes sur la route pour se retrouver le vendredi, mais à 18h, Max nous appelle une par une: “Les filles, changement de plan! Il y a eu du vent, la neige est soufflée et il va faire trop froid à ces altitudes ! Annulez votre logement, on part dans Belledonne !”

On dégote un Airbnb vers Albertville au dernier moment et on se retrouve entre nous devant une plâtrée de pâtes et une bière achetée à la station service. On parle de notre expédition prévue au printemps prochain, et bien sûr de nos vies. Avant qu’on ait eu le temps de regarder le programme du lendemain , re-changement de plan, le refuge de la Cave est complet : Go Beaufortain, départ d’Arêches le samedi matin.

Samedi – d’Arêches au Chalet du Retord

Trop contentes de se retrouver, trop contentes de chausser les skis! On se gèle sur les remontées qui nous font gagner du dénivelé. 

Puis on peaute, col de la Forclaz, col de la Louze, on contourne le Grand Mont. La neige est moins incroyable qu’attendue, ça nous vaudra des jolies chutes. Max nous parle nivologie, on observe les plaques qui sont parties, les pentes, les accumulations dues au vent. Mais avec ce froid, s’arrêter et prendre du temps pour la pédagogie n’est pas dans les priorités, c’est intenable !

Un chamois court à nos côtés dans une descente où on fait les premières traces, quel moment magique! On traverse la rivière, une pause repas et c’est parti pour une montée au milieu des sapins, franchement, on aurait voulu la descendre, cette pente! Plus de peuf que dans mes rêves! 

On arrive au chalet du Plan du Lac : on prend du bois, trois d’entre nous portent des branches pour chauffer ce soir au chalet de la Perrière.

Deuxième chalet , le Retord, très mignon, mais pas assez de place pour nous car il y a déjà un groupe . 

Troisième chalet, la Perrière , notre but: mmmh ça parait pas confortable ça ! Comment c’est possible ?! Sur le site ça avait l’air si bien! Refuge de la Perrière… check sur internet (et oui dans le Beaufortain y a du réseau). Ah, il y en a deux du même nom , et celui qui est bien… c’est pas celui-là !

Branches d’arbres et joli chalet @GFHM

A 16h30, le soleil se couche et on emprunte deux matelas dans ce refuge et on fait demi tour pour les ramener au Retord. Deux matelas et trois branches d’arbre sur ski… au moins on a rit! 

Les sept gars sont un peu déçus de nous voir revenir, on prend de la place! Et nous on est contentes , le feu est déjà fait.

On peut pas non plus parler de confort, les matelas sont collés un à un à l’étage, à même le sol, et il y a de la neige accumulée en bas des murs, mais la vue est magnifique! Soupe et lyophilisés , l’autre groupe se fait une croziflette… et nous on discute de nivologie, d’organisation pour demain. Le contexte d’un refuge non gardé, où l’on droit prendre le temps de faire fondre la neige pour manger et remplir nos thermos ne nous permet pas vraiment d’être posés pour des moments de pédagogie.

Révisions – @GFHM

Le réveil est prévu à 7h. La proximité avec les ronfleurs voisins fait fuire Chacha du dortoir, ce n’est pas une bonne nuit pour toutes. 

Dimanche – Traversée Chalet du Retord – Arêches

Au matin, Lulu se plaint de ses pieds qui ont gelés hier, ses orteils lui ont fait mal cette nuit et ils sont oedematiés aujourd’hui. Début de gelure, gelure de stade 1 ? Bref, à protéger du froid, et après avoir fait le tour de nos pharmacies, on n’a pas tous les médicaments nécessaires à portée de main. Max appelle le médecin des secours en montagne, et ils décident… de la faire descendre en hélico! Petit moment de rêve dans ce malheur, les montagnes vues d’en haut! Sa journée finit tristement à l’hôpital d’Albertville. (Tout va bien, pas d’inquiétudes ! N’oubliez pas de mettre vos orteils au chaud !)

Nous restons dans le thème du weekend : la journée sur les skis va être Glaciale !

Après toutes ces émotions, nous voilà donc reparties sur les skis, emmitouflées dans nos 3 doudounes, 6 paires de gants, chaufferettes en route. Facile de nous repérer : 6 boules de plumes trilogy (Merci Millet!!) Avec seulement le nez rouge qui dépasse du paquet.

L’objectif du jour est de rejoindre Arêches en 4 étapes : montée sous la pointe de Comborsier, redescente sur les chalets de  Chizeraz, remontée par le passage du Dard et redescente aux voitures. L’apprentissage ici se joue dans la gestion de la trace, la sécurité (passage sur des pentes appropriées au risque avalancheux) et la gestion du groupe.

Montée vers Comborsier @GFHM

Notre méthode est bien rodée : nous divisons le périple en 4 et tout à tour nous prenons le lead à 2.

Chanceuses, nous attaquons la montée par une belle trace faite la veille par nos collocs de soirée. Le soleil brille, la neige aussi, qu’on est bien là-haut. Quelques passages un peu plus pentus nous forcent à prendre les distances mais cette montée se déroule bien et nous débouchons sur les crêtes nous permettant d’observer la suite du voyage. 

Petit (gros) bonheur de la journée, sur les faces que nous descendons la neige n’a pas été soufflée : gavage de poudreuse, surtout pour celles qui osent les plantés de tête, totalement maîtrisés bien entendu. En basculant sur la face Nord de la pointe de Comborsier, nous entrons dans un monde sauvage, vierge de traces. Nous croiserons peu de monde cette journée, même la pointe du Dard est désertée.

Nous avons bien bossé l’itinéraire la veille au refuge via deux moyens : cartes IGN et photos pour la descente (plus facile pour appréhender le relief). Cela se paye sur l’efficacité de l’évolution, les timings sont tenus ! Et nous rejoignons la voiture dans les temps prévus.

Dernière étape de la journée, et pas des moindres : le débrief ! Ni une ni deux nous rejoignons notre Lulu et tous ses orteils congelés à Albertville. Autour d’un mélange douteux de chocolat chaud et de fromage fondu nous évoquons les moments forts du weekend mais aussi la fin du voyage GFHM, et oui petit moment d’émotion car nous nous rapprochons du passage de relais qui aura lieu au printemps ! Ne vous inquiétez pas, on vous réserve encore quelques beaux moments d’ici là, et en secret une aventure se prépare. Chut, n’en parlez à personne et promis on vous donnera quelques détails dans les mois qui arrivent !

Crépuscule depuis le Chalet du Retord (trop beau, ça valait bien un rafraîchissement des orteils, non?)- © GFHM

Cyrielle, Maria, Adeline, Elodie, Vanessa, Charlotte et Lucille.

Big love à Soso qui n’a pas pu être là.

Validation du Diplôme d’initiateur dans les Écrins – 7-8-9/10/2022

Vendredi 07/10

De retour à la maison… de Lucille mais on se sent comme chez nous ☺. Quelle chance nous avons de pouvoir bénéficier de ce logement pour accueillir notre tribu de… 18 personnes ! Nous faisons connaissance avec les cobayes, très vite renommées « chatons » et nous passons rapidement aux choses sérieuses avec une réunion d’organisation de la journée du lendemain.

Nous réfléchissons au choix du lieu pour les ateliers et la petite course d’application. Nous optons pour des ateliers par groupes fixes et déterminons les différents thèmes et le timing. La météo annoncée n’étant pas terrible, nous choisissons une arête proche de notre logement et peu technique pour éviter l’inertie et nous permettre de nous concentrer sur la partie formation pour nos chatons.

Samedi 08/10

Briefing du matin @GFHM

1° BRIEFING

Nous exposons le déroulement de la journée aux chatons ainsi que les objectifs :

– Reprendre les bases afin que tout le monde puisse se sentir à l’aise dans la course prévue le lendemain.

– Tester notre capacité à transmettre.

2° ATELIERS

Arrivées face à la crête du Chaillol, on rigole dans nos barbes parce qu’on dirait clairement une pente d’herbe parsemée de quelques blocs.. Pas très aventureux tout ça ! Seb nous rassure : Ça suffit largement à faire de la formation !
Les couleurs automnales et les premières neiges déposées sur les Écrins rendent le cadre magnifique.

A) Montée vers le pied de la crête dans un terrain herbeux raide. Nous en profitons pour échanger au sujet des techniques de progression sur pente raide et neigeuse ainsi que sur l’utilisation des bâtons et du piolet dans ce type de terrain.

B) Nous nous répartissons ensuite en groupes de 4 (2 cordées) afin d’aborder les points suivants :

  • Encordement avec nœud de huit
  • Assurage au Réverso et à l’épaule
  • La technique de corde tendue
  • La récupération du matériel et le bon rangement sur le baudrier : Friends, dégaines,
    sangles, câblés.
  • La grimpe en grosse
  • Point sécu : attention aux chutes de pierres, etc

C) Nous mettons les ateliers en pratique en poursuivant sur l’arrête du Chaillol qui n’est pas très difficile mais offre tout de même une petit partie grimpante.

3° DEBRIEFING avec les cobayes
Tour de table : pépite / râteau + état de forme et motivation pour la course du lendemain. Tout le monde semble chaud patate pour faire une jolie course le dimanche. Côté GFHM, nous avons peur de les décevoir au vu des prévisions météos très complexes.

4° RÉUNION D’ORGANISATION de la journée du lendemain (GFHM seulement)
Le choix de course est très compliqué point de vue météo. Ils annoncent de la pluie dès midi voir plus tôt si nous partons un peu plus loin. Le plan de base qui était l’arête des Bruyères est complètement exclu.
Nous fouillons la carte et Camp to Camp à la recherche d’une option idéale. La réunion s’éternise, on commence l’apéro… on se dissipe !
Nous choisissons finalement l’arête Sud du Pic des trois Évêchés et confirmons notre choix grâce à l’appel d’un ami de Seb, guide local.

Réunion au sommet @GFHM

Dimanche 09/10

Christophe Moulin, guide à la FFCAM, qui est là pour valider notre diplôme, nous retrouve à 7h30 pour le briefing du matin. Nous présentons le choix de notre course : adaptation à la météo et le fait qu’il y ait 3 échappatoires possibles durant la course.

Nous remontons le vallon de Roche noir pour rejoindre le départ de l’arête. Le brouillard rend cette approche très mystique… Il manque quelques sons de cornemuse et se croirait en voyage.

L’ensemble de l’arête se parcourra avec un encordement en corde tendue très court ou l’usage des « mini longueurs », technique encouragée par Sébastien et Christophe. Ça déroule bien, l’arrête n’est pas très technique mais offre un terrain idéal pour le gros groupe que nous sommes et les conditions presque hivernales. Nous nous arrêterons à l’antécime car le cailloux est de plus en plus délité et il commence à y avoir de la neige.

Météo tropicale @GFHM

Nous descendons dans un couloir large en ardoises piégeuses. Retour à la voiture pour 15h comme prévu dans notre timing.

Nous terminons la journée par un débriefing avec les chatons autour d’un gros gouter bien mérité.
De notre côté, on est heureuse d’avoir pu offrir une journée en montagnes avec nos ami(e)s moins expérimenté(e)s. On est aussi très fières de nos progrès, point de vue technique mais aussi par rapport à notre fonctionnement en groupe et à nos prises de décisions. On a encore appris beaucoup de choses ce week-end. Transmettre et devoir donner des explications claires nous permet aussi de faire le point sur nos propres connaissances.

Et surtout… on est toutes devenues Initiatrices !! woup woup !

Lucille, Cyrielle, Maria, Sophie, Adeline, Élodie, Vanessa.


Arête Mittellegi intégrale – Eiger – 21 & 22 juillet 2022

« Et les meufs, et si on allait faire la traversée intégrale des arêtes de l’Eiger ? », nous lançait Charlotte deux semaines avant notre week-end Grande Course. Et c’est ainsi que Cycy, Lulu et Seb lui répondirent en fanfare : « Ouiiiiiiii !!!! »

Bon avouons-le, la découverte des noms de montagnes en Suisse Allemand fût le « crux » du week-end et il nous fallut lire et relire encore et encore les topos avant d’y comprendre quelque-chose.

Départ depuis Alpiglen – © GFHM

JOUR 1 : Traversée des Hörnli de l’EIGER

L’aventure commença à Alpiglen, un petit village de pâturages typiquement Suisse. Notre première mission consista à progresser sur un charmant sentier de randonnée en slalomant entre les salamandres pour grimper en direction de Ostegg Hütte. La vue est superbe, la face Sud-Ouest de l’Eiger nous surplombe, nous écrase et nous impressionne. C’est bien là-haut que nous allons, nous sommes surexcitées.

Après les premiers 800 mètres avalés sans difficulté, nous enfilons enfin nos baudriers pour attaquer la partie via-ferrata. Le caillou est mouillé, nous sommes dans les nuages, l’ambiance montagne est bien là. Puis nous zig-zaguons au milieu des cairns dans du rocher pourri et enfin nous sortons la corde. Brutalement, nous sommes stoppés par un bruit violent (un avion ?) puis une chute de pierre sur le casque de Lulu. Cet évènement nous rappelle à ce milieu hostile et la nécessité d’une concentration extrême. Fini les bavardages, nous progressons dorénavant dans le silence complet en veillant où placer nos pieds et nos mains.

Puis nous attaquons la partie grimpante de cette journée : le Hick. Cycy attaque la première avec le luxe d’enfiler ses chaussons, suivie de près par les trois autres qui doivent se contenter de leurs « grosses » : sensations garanties dans la dalle et sur les traversées !!

L’ambiance est majestueuse : les nuages nous enveloppent et laissent parfois surgir les sommets ou un bout de glacier. Nous ne voyons ni le sol ni le ciel, nous sommes perchés sur les arêtes de l’Eiger. Un dernier effort encore à coup de grimpette sur les arêtes nous amène plus lentement en direction de notre refuge.

Progression en corde tendue – © GFHM

Nous avançons comme des escargots, après plus de 2000 mètres de montée et 11 heures de progression, la fatigue commence à se faire sentir. Et c’est vers 18 heures que nous arrivons à Mittellegi Hütte pile poil pour le repas, accueillis par une gardienne adorable et dévisagés par une population d’alpinistes presque exclusivement masculine. Nos t-shirts roses et nos chevelures dénotent encore un peu par ici !!

Arrivée au refuge Mittelegi – © GFHM

C’est dans une ambiance très détendue générée par Seb, qui nous aura permis d’être hyper sereines, concentrées mais pas stressées. Au cours de cette soirée, nous ressentons cette alchimie entre nous quatre, et nous avons pleinement conscience de cette osmose. Les sourires se lisent sur nos visages, les fous rires s’enchainent et nous avons la chance d’assister à un coucher de soleil mémorable : une mer de nuage danse devant nous, les lumières rouges se succèdent, c’est un spectacle merveilleux qui ajoute encore de la magie à cette soirée parfaite.

Coucher de soleil au refuge – © GFHM

Cependant, nous pouvons voir très clairement l’arête Mitelleggi que nous gravirons demain et d’ici c’est très impressionnant : l’arête nous parait très effilée et très aérienne. La peur s’empare presque un peu de nous… mais nous nous le confierons seulement le lendemain.

Arête Mittellegi – © GFHM

JOUR 2 : Traversée de l’arête Mittellegi

Au petit matin, nous décollons du refuge à 5h30, nous sommes les dernières cordées. L’ambiance est sublime : le ciel est rempli d’étoiles et les frontales des premières cordées illuminent l’arête devant nous. Lulu guide Seb, et Charlotte précède Cycy.

Nous sommes en pleine forme physique et mentale, Lulu et Chacha avancent à un rythme effréné et derrière, nous avons l’impression de les suivre en courant. C’est impressionnant autant que jouissif d’avancer avec une telle facilité. Les automatismes sont bien là et se font bien ressentir. Le cerveau est en ébullition, les jambes avancent à une allure folle, les mains et les pieds sont attentifs et précautionneux pour se poser sur le bon caillou et ne déplacer aucune pierre.

Dans ce rythme effréné, nous doublerons même un bon nombre de cordées, avec le sourire et une certaine fierté dissimulée. Nous atteignons le sommet en trois heures avec joie, fierté encore et beaucoup d’émotions !!

Arrivée au sommet – © GFHM

Mais la journée n’est pas finie ! l faut continuer et redescendre l’arête Sud avec un Seb qui nous impose au maximum des désescalades en évitant au possible les rappels dans un objectif d’apprentissage et avouons-le-nous, ça n’est pas notre spécialité. Nous aurions préféré poser des rappels plus confortables et plus rapides.

Avant la redescente – © GFHM

Après deux heures de descente, nous pénétrons enfin sur le glacier Guggigletscher pour une dernière étape en direction de Alpiglen par le train le plus cher du monde. Nous avions prévu d’aller grimper le Mönch le lendemain mais les orages sont trop menaçants, nous rentrons au bercail.

Descente sur le glacier – © GFHM

Ce week-end en groupe réduit, nous aura permis de réaliser une Grande Course et de tout faire en autonomie complète. Le calme, la sérénité et l’ambiance détendue permise par notre cher guidos nous a mis à l’aise pour nous sentir en confiance tout au long de cette aventure.

Nous prenons alors conscience de nos progrès au cours de cette année de formation au sein du GFHM et nous mesurons le chemin parcouru et notre chance. Nous apprécions notre accès à l’autonomie qui nous permet à présent de réaliser des courses de cette ampleur et la chance d’avoir gagné de nouvelles copines avec qui partager toutes ces futures aventures !!

Nous quittons alors la Suisse avec de beaux souvenirs en tête l’envie folle de revenir !!

A Suivre !

Chacha, Lulu et Cycy

Traversée de la Meije – 22, 23 & 24 Juillet 2022

Ça faisait un moment qu’on tournait autour de la Meije…La reine Meije tellement désirée ! Un bel objectif pour un week-end de grande course. Elo, Soso, Vanessa, Maria accompagnées de notre guide Max,  sont la team “Écrins” de ce week-end objectif Meije. 

Nous sommes parties avec l’idée de faire la Traversée de la Meije en 3 jours. Mais la météo ne nous laissera pas cette option. Max nous a bien fait étudier plusieurs plan B dans des autres massifs. Jeudi soir, on reçoit un message de Max : “le bivouac pour la Meije paraît compliqué demain…mais si vous êtes motivées, on peut la faire à la journée en partant du Promontoire.” Sitôt dit, sitôt fait !

J1 : On se trouve à 7h30 au départ du télécabine de la Grave. L’objectif de la journée c’est faire un “échauffement”avant la Meije sur l’Arête des Trifides. Une arête avec une petite marche d’approche, mais très esthétique et aérienne. L’évolution depuis l’année dernière est remarquable. On est plus efficaces et on avance bien. Max est confiant pour la Meije !

Arête des Trifides @GFHM

Descente à la Grave, puis on prend la route direction la Bérarde. On commence à être des locaux dans ce coin. C’est l’heure de faire les sacs. Objectif: faire la traversée avec des sacs de maximum 5 kg. Donc faut faire un bon tri de matos! Mousquetons légers, piolet léger, gourdes plutôt en plastique et éviter les métalliques… ça prend du temps tout ça ! Pendant le dîner, on rediscute du topo. On connaît tous les pas par cœur: mur du Crapaud, Pyramide Duhamel, Dalle des Autrichiens…Mais même comme ça, de nuit ça sera facile de se perdre…

J2:  Réveil à 7h du matin, pour monter au Promontoire à 8h. La montée à la fraîche est agréable. Puis un déjeuner au Promontoire avec un bon plat de pâtes et une petite sieste après. Journée plutôt chill !! On révise pour la 10 millième fois le topo. C’est bon, on le connaît comme le bout de nos doigts. Puis on se détend avec un jeu de cartes et certaines une petite bière. On est nombreux au refuge. Plusieurs cordées pour la traversée et 2 cordées qui partent sur la Pierre Allain. On ne sera sûrement pas toutes seules au Grand Pic !

On finalise nos sacs après le dîner, puis au lit ! Demain sera une très grosse journée !

Vue depuis le Promontoire un peu trop sec @GFHM

J3 : Départ du refuge à 2h30. Nous sommes les premières du refuge à partir. L’arête du Promontoire est la partie la plus délicate de la course. Facile de se perdre la nuit. Max connaît l’itinéraire par cœur mais il n’a jamais fait cette course avec des cordées autonomes. Il prend le lead de la course sur la première partie, car on ne peut pas perdre du temps pour la recherche d’itinéraire. On s’est mis des barrières horaires et il faut qu’on les respecte. On arrive au Glacier Carré. C’est fini, notre GPS Max va nous surveiller de près, mais maintenant c’est nous les guides ! 

On arrive au Grand Pic à 8h15. La vue est tellement belle de là-haut! On fait une petite pause photo avec la vierge, et on observe le Doigt du Dieu de loin. On y est pas encore !

La dream team au sommet du Grand Pic @GFHM

On y sera 4h après au Doigt de Dieu. La traversée des arêtes est parfaite. Des conditions de rêve, avec tout ce qu’on aime : du gaz, des passages en glace, la grimpe n’est jamais dure. 

On voit le refuge de l’Aigle, il est tout petit depuis là-haut ! On y arrive vers 15h30. On reprend de l’énergie avec un bon déjeuner. Pause de 1h avant de continuer l’interminable descente. La Glacier du Tabuchet est bien crevassé. C’est plus galère que prévu cette descente. Finalement, on retrouve le sentier. On essaye d’avancer au plus vite, même si on commence à sentir nos cuisses bien fatiguées. 

Glacier du Tabuchet depuis le refuge de l’Aigle @ GFHM

20h au parking ! Des sourires entre les têtes de fatiguées. C’est parti pour la dernière partie de la journée : la looooooongue route à la maison !

Un rêve réalisé, un objectif atteint. On était prêtes et on a réussi. Un travail en équipe avec la chance d’avoir une journée avec des conditions parfaites. On est chanceuses de vivre ces moments inoubliables. Merci la vie !

Sophie, Élodie, Vanessa, et Maria.

Oisans Sauvage – Arête ENE du Râteau Est – 2 & 3 Juillet 2022

Nous voilà réunies toutes les 8 pour un nouveau week-end de formation. Ça faisait longtemps, car les derniers week-ends ont été en sous-groupes de 4. On est donc trop contentes ! Au programme du week-end, l’arête NE du râteau E dans les écrins, avec montée au refuge du Promontoire la veille par la Bérarde, et descente par le Vallon de la Selle. Rien que d’y penser on a déjà mal aux jambes !!!

Les objectifs sont triples : 1) retour dans l’élément et dans le groupe (et oui, les sorties à 8, c’est tout un art !), 2) nuit et acclimatation à plus de 3000m en vue du week-end grande course qui arrive 15 jours après, 3) révision / application de nos acquis durant cette première année de formation : terrains variés rocher-glace-neige et encordements variés.

L’organisation nous paraît bien ficelée d’avance, ce coin des Écrins on commence à le connaître comme notre poche, on fait les cordées en avance, on charge les voitures la veille, la routine quoi ! Mais c’était sans compter sur notre bon vieux Covid qui refait des siennes… Maria et Cycy sont positives ou pseudo-positives, et nous abandonnent à contre-coeur. Et puis Sandrine, la gardienne du Promontoire, a dû s’absenter quelques jours pour un souci de santé, le refuge sera donc en mode non gardé. On rajoute donc dans nos sacs les lyoph et les jetboils, on recompose la team à 6, et c’est parti pour de nouvelles aventures ! On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangées, si le refuge sera plein à craquer comme les jours précédents ou non… Heureusement, Max, en grand prince, a prévu de monter fast and light à la fraîche le samedi pour nous réserver des lits !

Départ pour nous samedi matin à 8H de la Bérarde pleines d’énergie. La montée passe plutôt tranquille, on savoure nos retrouvailles, on se raconte nos vies, on fait un petit stop boisson au refuge du Chatelleret bien appréciable. On est stupéfaites et attristées de voir qu’il n’y a plus de neige jusqu’au Promontoire. Quel changement de paysage par rapport à l’an dernier à la même période… ça fait bien mal au cœur de voir les dégâts du réchauffement climatique sur nos montagnes tant aimées.

On arrive au refuge à midi pour le picnic. L’après-midi est cool, débriefing, topotage, cours théorique sur le regel et les orages, sieste, confection des demi-groupes pour le week-end grande course, … On a de la chance, il n’y a pas tant de monde que ça, 3 cordées pour la traversée de la Meije, 2 pour la Pierre-Allain, et nous.

On se lève à 3h pour un départ à 4. Le glacier des Étançons est quasi inexistant, la brèche de la Meije archi-sèche, ça passe bien à la montée mais la descente est un peu plus complexe. On choisit de descendre en rappel, en utilisant un rappel intermédiaire un peu douteux pour franchir la large rimaye. Le cheminement sur le glacier de la Meije est un poil plus long que prévu du fait des crevasses, on repère facilement la croupe de neige à 40° à gravir et on rejoint le pied de l’arête. L’itinéraire est simple et la traversée se déroule vite et bien, dans la bonne humeur et au soleil ! La course est très belle, longue, esthétique, en terrains variés, et la vue sur la Meije est magnifique !

Descente en rappel depuis la brèche de la Meije pour passer la rimaye – @GFHM
Prêtes à l’assaut – @GFHM
Attaque de l’arête – @GFHM
Fin de l’arête et sommet du Râteau – @GFHM

Pour la descente, on a opté pour l’arête Sud. La première partie de l’arête est en neige, bien molle comme vous imaginez, et on est contentes d’avoir les guêtres ! La suite est en rocher facile jusqu’à la brèche du Râteau. Quelques hésitations de notre part (parce qu’on n’avait pas suffisamment étudié cette partie du topo) mais c’est finalement assez logique. On rejoint ensuite le refuge de la Selle par le glacier.

Une petite pause s’impose avant l’interminable retour sur Saint-Christophe-en-Oisans. On fait notre habituel debriefing post-course en sirotant une limonade bio locale trop bonne ! La descente finale est longue, longue, et longue… mention spéciale pour Elo qui, ayant perdu une de ses grosses en cours de route, a dû se rajouter quelques centaines de mètres de D+ et de D-… pour finalement abandonner sans retrouver sa bien-aimée.

Retour par le glacier de la Selle – @GFHM

Voilà, vous l’aurez compris, on a encore vécu un superbe week-end. Au-delà de la bonne humeur et de ces moments de partage toujours très revigorants, on prend aussi conscience de notre progression depuis un an, tout est plus fluide, plus rapide, plus aisé. On a l’impression d’être devenues de vraies alpinistes. Et ça, ça n’a pas de prix ! Merci le GFHM ! Le prochain week-end sera LE week-end de l’année : grande course en sous-groupe… On sait déjà ce que l‘on va faire si toutes les conditions sont réunies, mais chuuuuut 😉 suite dans le prochain CR !

Adeline, Cyrielle, Elodie, Lucille, Maria, Sophie, Vanessa et Charlotte pour le GFHM.

PS : pour les inquiets, la chaussure perdue d’Elo a été retrouvée et rapportée à sa propriétaire en parfaite santé !