21-22/01/2023
C’est un week-end de goulotte en demi groupe qui est prévu. Mais ça vient juste après d’importantes chutes de neige, et des températures glaciales sont annoncées. Bref, rudes conditions pour la goulotte, on n’a pas trop envie de voir des tonnes de poudres nous tomber sur le nez. On préfère l’avoir sous les skis. Les guides décident d’une arête dans les Écrins. Arête ouest de la Pare aux Trois Évêchés, c’est sensiblement ce qu’on a fait avec les cobayes lorsqu’on a passé le diplôme d’initiateur. Là, notre motivation est au ras des touffes d’herbes, on est glacées rien que d’y penser.
Mais mercredi, changement de programme : et si , au vu des conditions, on se faisait un week-end ski toutes ensemble avec Max ? Zou, au lieu de se geler sur une arête, une virée en Vanoise au départ de Tignes nous rebooste, on va RIDER!
Le projet est de faire deux sommets à plus de 3000 avec une nuit en refuge non gardé. Le grand froid est annoncé, mais le beau aussi !!
On est toutes sur la route pour se retrouver le vendredi, mais à 18h, Max nous appelle une par une: “Les filles, changement de plan! Il y a eu du vent, la neige est soufflée et il va faire trop froid à ces altitudes ! Annulez votre logement, on part dans Belledonne !”
On dégote un Airbnb vers Albertville au dernier moment et on se retrouve entre nous devant une plâtrée de pâtes et une bière achetée à la station service. On parle de notre expédition prévue au printemps prochain, et bien sûr de nos vies. Avant qu’on ait eu le temps de regarder le programme du lendemain , re-changement de plan, le refuge de la Cave est complet : Go Beaufortain, départ d’Arêches le samedi matin.
Samedi – d’Arêches au Chalet du Retord
Trop contentes de se retrouver, trop contentes de chausser les skis! On se gèle sur les remontées qui nous font gagner du dénivelé.
Puis on peaute, col de la Forclaz, col de la Louze, on contourne le Grand Mont. La neige est moins incroyable qu’attendue, ça nous vaudra des jolies chutes. Max nous parle nivologie, on observe les plaques qui sont parties, les pentes, les accumulations dues au vent. Mais avec ce froid, s’arrêter et prendre du temps pour la pédagogie n’est pas dans les priorités, c’est intenable !
Un chamois court à nos côtés dans une descente où on fait les premières traces, quel moment magique! On traverse la rivière, une pause repas et c’est parti pour une montée au milieu des sapins, franchement, on aurait voulu la descendre, cette pente! Plus de peuf que dans mes rêves!
On arrive au chalet du Plan du Lac : on prend du bois, trois d’entre nous portent des branches pour chauffer ce soir au chalet de la Perrière.
Deuxième chalet , le Retord, très mignon, mais pas assez de place pour nous car il y a déjà un groupe .
Troisième chalet, la Perrière , notre but: mmmh ça parait pas confortable ça ! Comment c’est possible ?! Sur le site ça avait l’air si bien! Refuge de la Perrière… check sur internet (et oui dans le Beaufortain y a du réseau). Ah, il y en a deux du même nom , et celui qui est bien… c’est pas celui-là !

A 16h30, le soleil se couche et on emprunte deux matelas dans ce refuge et on fait demi tour pour les ramener au Retord. Deux matelas et trois branches d’arbre sur ski… au moins on a rit!
Les sept gars sont un peu déçus de nous voir revenir, on prend de la place! Et nous on est contentes , le feu est déjà fait.
On peut pas non plus parler de confort, les matelas sont collés un à un à l’étage, à même le sol, et il y a de la neige accumulée en bas des murs, mais la vue est magnifique! Soupe et lyophilisés , l’autre groupe se fait une croziflette… et nous on discute de nivologie, d’organisation pour demain. Le contexte d’un refuge non gardé, où l’on droit prendre le temps de faire fondre la neige pour manger et remplir nos thermos ne nous permet pas vraiment d’être posés pour des moments de pédagogie.

Le réveil est prévu à 7h. La proximité avec les ronfleurs voisins fait fuire Chacha du dortoir, ce n’est pas une bonne nuit pour toutes.
Dimanche – Traversée Chalet du Retord – Arêches
Au matin, Lulu se plaint de ses pieds qui ont gelés hier, ses orteils lui ont fait mal cette nuit et ils sont oedematiés aujourd’hui. Début de gelure, gelure de stade 1 ? Bref, à protéger du froid, et après avoir fait le tour de nos pharmacies, on n’a pas tous les médicaments nécessaires à portée de main. Max appelle le médecin des secours en montagne, et ils décident… de la faire descendre en hélico! Petit moment de rêve dans ce malheur, les montagnes vues d’en haut! Sa journée finit tristement à l’hôpital d’Albertville. (Tout va bien, pas d’inquiétudes ! N’oubliez pas de mettre vos orteils au chaud !)
Nous restons dans le thème du weekend : la journée sur les skis va être Glaciale !
Après toutes ces émotions, nous voilà donc reparties sur les skis, emmitouflées dans nos 3 doudounes, 6 paires de gants, chaufferettes en route. Facile de nous repérer : 6 boules de plumes trilogy (Merci Millet!!) Avec seulement le nez rouge qui dépasse du paquet.
L’objectif du jour est de rejoindre Arêches en 4 étapes : montée sous la pointe de Comborsier, redescente sur les chalets de Chizeraz, remontée par le passage du Dard et redescente aux voitures. L’apprentissage ici se joue dans la gestion de la trace, la sécurité (passage sur des pentes appropriées au risque avalancheux) et la gestion du groupe.

Notre méthode est bien rodée : nous divisons le périple en 4 et tout à tour nous prenons le lead à 2.
Chanceuses, nous attaquons la montée par une belle trace faite la veille par nos collocs de soirée. Le soleil brille, la neige aussi, qu’on est bien là-haut. Quelques passages un peu plus pentus nous forcent à prendre les distances mais cette montée se déroule bien et nous débouchons sur les crêtes nous permettant d’observer la suite du voyage.
Petit (gros) bonheur de la journée, sur les faces que nous descendons la neige n’a pas été soufflée : gavage de poudreuse, surtout pour celles qui osent les plantés de tête, totalement maîtrisés bien entendu. En basculant sur la face Nord de la pointe de Comborsier, nous entrons dans un monde sauvage, vierge de traces. Nous croiserons peu de monde cette journée, même la pointe du Dard est désertée.
Nous avons bien bossé l’itinéraire la veille au refuge via deux moyens : cartes IGN et photos pour la descente (plus facile pour appréhender le relief). Cela se paye sur l’efficacité de l’évolution, les timings sont tenus ! Et nous rejoignons la voiture dans les temps prévus.
Dernière étape de la journée, et pas des moindres : le débrief ! Ni une ni deux nous rejoignons notre Lulu et tous ses orteils congelés à Albertville. Autour d’un mélange douteux de chocolat chaud et de fromage fondu nous évoquons les moments forts du weekend mais aussi la fin du voyage GFHM, et oui petit moment d’émotion car nous nous rapprochons du passage de relais qui aura lieu au printemps ! Ne vous inquiétez pas, on vous réserve encore quelques beaux moments d’ici là, et en secret une aventure se prépare. Chut, n’en parlez à personne et promis on vous donnera quelques détails dans les mois qui arrivent !

Cyrielle, Maria, Adeline, Elodie, Vanessa, Charlotte et Lucille.
Big love à Soso qui n’a pas pu être là.