La Dent du Géant, c’est Géant !

4 et 5 Juillet 2024

Coucher de soleil sur la Dent du Géant

Le Cervin, on en rêvait ! Mais ça sera pour une prochaine… La neige en altitude, nous fait renoncer à ce projet. Taratata, ce n’est que partie remise 😉 De toute façon, notre promo est devenue spécialiste des changements de plans de dernière minute ; on se décide généralement pas avant H-24. 

C’est donc sereines, qu’une petite partie de l’équipe, attend ces 2 jours bookés qui approchent à petits pas. Dernière prise de température auprès de la Chamoniarde et des routeurs météos, c’est décidé direction le Massif du Mont Blanc, et cette fois-ci sans nos guides. 

Les conditions sont bonnes sur les classiques et la météo s’annonce radieuse. E.N.F.I.N !!! Humhum, ne parlons pas trop vite,  c’était sans compter un petit invité surprise la veille du départ qui s’invite et pas qu’à moitié : Monsieur Vent du NW. Peu importe, la fenêtre de beau temps est là, et aucune de nous ne compte la laisser passer. 

RDV est donné aux Gaillands au petit matin, avec sous le coude divers topos étudiés sur le bassin du glacier du Géant. On passe le tunnel du Mont-Blanc la fleur au fusil avec une motivation à couper au couteau. En effet, pour certaines la consigne est donnée de s’acclimater (à suivre au prochain épisode…).

On embarque dans le Skyway côté Courmayeur chargées comme des mulets, direction la Pointe Helbronner. La course du jour n’est toujours pas définie, on se réserve le bénéfice du doute jusqu’en haut. Arrivées au terminus, un p’tit stop au refuge Torino pour confirmer notre venue. Là, on s’allège, on se concerte, on se décide : en route pour la Dent du Géant par la voie des Plaques Burgener. La perspective de grimper la face SW au soleil convint les troupes, malgré les hésitations dues aux rafales de vent à près de 60 km/h. 

L’approche se déroule sans encombre, la fraîcheur des températures pour la saison, nous simplifie la tâche. Le couloir d’accès est en top condition, bien qu’il soit tard dans la matinée, et l’arête de blocs est bien tracée, aucun risque de se tromper. En montant on s’offre même le luxe de doubler 2 cordées d’Espagnols (certes, un peu vexés :-D). On arrive dans le timing prévu au pied des difficultés. 

                 

A midi, la face est bien ensoleillée, malheureusement le vent, lui, n’a pas baissé et on se doute qu’il risque de nous accompagner une bonne partie de l’ascension. La première longueur nous met vite dans le bain. Oriane et Laura se désillusionnent rapidement de grimper la Dent en libre ; le granit chamoniard et les cotations sont exigeants et ont raison de nous dès les premiers mouv’. De plus, les gants sont de rigueur, sinon onglet assuré. Et impossible de s’imaginer en chaussons avec ce froid mordant. 

Heureusement, la fameuse corde, tant controversée, nous mâchera bien le travail. Quoi que… L4 et L5 nous donneront un peu de fil à retordre. Allé, un peu d’artif pour compléter la journée en beauté pour les premières de cordée. On arrive sur le fil débonnaire versant S qui nous offre une accalmie niveau courant d’air. 

Et paf de nouveau vent pleine face pour cocher le sommet et saluer la Madone à plus de 4000 mètres ! Un premier 4000 pour Laura, trop beau ! On n’est pas peu fières, une vue imprenable sur le massif s’offre à nous. Les Grandes Jorasses semblent à portée de main, la muraille nous paraît infranchissable… Au loin, se dessinent les Écrins avec la Barre et Reine Meije. 

Pas le temps de s’endormir sur nos lauriers, les rafales nous remettent à l’ordre comme il faut. C’est pas le tout, mais va falloir attaquer les rappels. Notre Marion, se met en mode machine. En 2.2, elle nous installe 3 rappels qui nous déroulent efficacement jusqu’au pied de la voie. Encore quelques minutes de concentration pour la descente jusqu’au glacier avant de savourer notre petite victoire. Arrivée en bas de la rimaye on peut enfin souffler. On est trop heureuses. 

Au pied de la rimaye

Les thermiques de la vallée viennent nous envelopper. Le vent nous pousse jusqu’au refuge, comme il nous aura accompagné toute la journée.

Lumière du soir, bonsoir…
Retour dans la brume…

A Torino, on ne nous attendait plus. Mais c’était mal nous connaître !! D’autres cordées retardèrent pointent également le bout de leur nez. Le refuge est complet et la cuisine est fermée. Notre enthousiasme légendaire détend l’atmosphère, et finalement tous les alpinistes sans lits se retrouvent conviées dans l’ancien refuge. On a même le droit à des fruits et du pain en guise de souper. 

Dans notre petite chambre privative on se repasse en boucle notre voie, nos pépites et râteaux respectifs. A cette heure tardive, la fatigue et le manque d’acclimatation commencent à se faire sentir. Faut dire qu’on était davantage habituées aux falaises du sud de la France ces derniers temps qu’aux hauteurs alpines. 

Descente par 200 escaliers dans l’ancien refuge
 Ancien refuge Torino

Au réveil, les troupes sont revigorées. Le ciel est bleu comme jamais et le vent est tombé. Après hésitations et aux vues de la fréquentation de la journée, on préfère réviser les manips de secours en crevasses et explorer la vallée blanche, plutôt que de partir sur une autre course. On devine dans l’ombre les cordées sur la Dent du Géant telle une procession.  Pas de doute, nos conditions étaient moins favorables que par une si belle journée d’été, mais on l’aura eu rien que pour nous, et ça c’est vraiment Géant ! 

Marjolaine, Laura, Marion B et Oriane

PS : Marion RS réalise la même course 5 jours plus tard. Les filles du demi-groupe du weekend Grande Course prévu les 19, 20, 21 juillet sont donc toutes acclimatée pour notre projet. Reste plus qu’à croiser les doigts pour la météo …

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