22 et 23 février 2025
Incroyable, c’est à l’unanimité que notre demi-groupe souhaite se retrouver dans le massif de Belledonne : chaîne de moyennes montagnes, traversée d’aucun axe routier. C’est le rdv idéal pour éviter les bouchons du chassé-croisé des vacanciers des sports d’hiver, et l’effet de Foehn annoncé en altitude.
J – 3 : Proposition de Seb : J1 Goulotte Oulala, J2 Grasse matinée, avec nuitée au refuge non gardé de l’Oule. Enfin, c’est comme cela qu’on l’avait interprété. Dubitatives, presque attristées, on prépare J1 comme à notre habitude, en off, selon la course suggérée par notre guide. On s’interroge sur J2 ; peut-être que Seb est fatigué par sa saison d’hiver ; il veut nous proposer un dernier weekend à la cool ; on va faire de la péda… Marjo trouve ça vraiment dommage de faire une grasse mat’ pour notre dernier weekend guide. Mais bon, on conçoit, jusqu’à l’avant-veille.

J – 2 : Et si par curiosité on tapait dans CamptoCamp « Grasse matinée ». Bingo ! Depuis le temps, on aurait dû s’en douter. Rien à voir avec une nuit prolongée en refuge ; il s’agit d’une course sauvage, variée, complète, qualifiée « ambiance-ambiance » par Sébastien Escande, lui-même, qu’il ouvre en 01.2007. Le quiproquo n’aura pas duré bien longtemps, mais restera gravé dans les mémoires. On retrouve là bien notre Seb, aventurier et jamais à court d’idées. C’est parti pour le Der’ des Der’ !

J – 1 : La consigne : on doit tout gérer niveau matos et topos. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. A bas la légèreté, c’est le confort qui va primer. Nos corps en seront récompensés. On prend chacune bûche compressée, duvet léger et bon repas à partager ! Niveau matos : friends, câblés, piolets et crampons techniques + 3 petites broches par cordées (cf.topos…), allez une de plus au cas où.
J0 : Enfin, on y est : les retrouvailles, sous la bruine, au départ de la petite bourgade du Gleyzin. Répartition comme il se doit du matos, des vivres, du bois, sans oublier les : SnowPlak !!! Comme le veut la tradition du GFHM, elles doivent sortir chaque saison. La tradition est donc respectée 😊 Direction le refuge de l’Oule (ou Antoine Cros) pour une dépose de matériel.


Bien chargées mais heureuses de se retrouver, on dépasse le chalet du Plan ; on repère le couloir du Pertuis, qu’on empruntera le lendemain ; on traverse le ruisseau du Gleyzin, avant d’atteindre l’ancienne maison d’alpage. La montée jusqu’au refuge est efficace malgré les gros sacs. La météo s’améliore et c’est après une pause déjeuner et des sacs délestés, qu’on s’attaque à la 2ème partie de la journée : direction la goulotte Oulala, ouverte par une bande de 2 potes en 02.2022, jusqu’alors peu répétée.
J1 : On remonte le cirque de l’Oule équipés de nos SnowPlak. Notre Lolo machina nous fait la trace, dans la neige trafolée, jusqu’à atteindre le pied de la goulotte évidente qui raye le contrefort des rochers du Gleyzin. Au programme : 4 longueurs de mixte. Oriane et Laura s’équipent et partent en premières, suivies de la cordée de Marion et Marjo. Seb nous supervise comme à son habitude, qui plus est au soleil. La première longueur se déroule sans encombre et la ligne s’annonce plutôt bien formée.

Ça se corse au crux de L2. Oriane part la fleur au fusil avec sa quincaillerie et ses 3 broches dans une longueur difficilement protégeable… Le cigare est peu/pas formé et le rocher compact. Les 3 broches sont rapidement posées, et elle se retrouve à court de munitions. Malgré l’intention, c’est le BUT. Désescalade et retour à la case départ. Seb prend le lead pour le passage délicat. Entre temps, la 2ème cordée arrive, et il récupère leur matos. S’il passe, on laisse tout pour la 2ème cordée, car ce n’est pas facile à protéger. Après quelques encouragements, une broche de perdue (mais retrouvée) et une bonne dose de savoir-faire, Seb ouvre la longueur clé.


Ça y est, on devrait la sortir cette goulotte. Mine de rien, la 3ème longueur avec ses plaquages fins et son dry n’est pas si aisée, mais avec un peu d’ingéniosité on réussit à trouver les protections (pitonnage compris) dans ce terrain belledonnien.

Objectif ultime : sortir avant la nuit la dernière longueur et la descente de l’arête. On y arrive. En revanche, la redescente jusqu’au refuge se fera dans une belle obscurité. Toutefois, on parviendra miraculeusement à retrouver tout le matos perdu au pied de la face, ou presque… (avis aux amateurs de sensations : friend 0.75 vert oublié probablement avant le crux de L3 > récompense by GFHM à la clé si vous êtes une bonne âme).


C’est les derniers qu’on arrive au petit refuge de l’Oule. La cabane a déjà bien été investie par les skieurs, et le poêle bat son plein. On le complète avec nos bûches compressées. Nul doute, on aura bien chaud ce soir. Au menu : apéro cidre, soupes sous toutes ses formes, pâtes au pesto et dessert de profs ! On n’allait pas se laisser aller pour notre dernier dîner. Après un bref rétroplanning de la prochaine journée, c’est repu qu’on s’endort avant notre dernière course de la saison en weekend encadré.

6h, J2 : Réveil bien matinal pour une grasse matinée 😊 Après un petit-déjeuner gargantuesque, départ pour la fameuse goulotte, en rive gauche du couloir W du Pertuis, ouverte il y a quasi 20 ans par Seb.


L’ambiance, ici, y est écossaise. Il a neigé pendant la nuit et il continue de neigeoter. Après une nouvelle dépose de matériel à la base du couloir, on le remonte jusqu’aux pieds des difficultés aux alentours des 2050m. Comme l’indiquait la description du topo, c’est « ambiance-ambiance ». Les parois sont plaquées d’une fine pellicule de neige fraîche, la goulotte est encaissée dans l’un des contreforts du Pic N des Grandes Lanches. Les conditions sont plutôt excellentes, mise à part les quelques sprint drift qui glissent des parois enneigées. On évolue efficacement longueurs après longueurs. Cette fois-ci la cordée de Marion et Marjo a pris le lead. Malgré la radio, pas évident mentalement d’être la dernière cordée, notamment en goulotte, il faut des nerfs d’acier (et de bons réflexes pour éviter les glaçons…). Par conséquent, on change les dispositions des cordées. Marion ouvre une longueur en mixte mémorable, avec des protections parfaitement posées.
Marjo passe le crux sans difficultés. Pas de doute, elle a engagé ! Seb s’indigne de l’absence de protection à la sortie du crux. Petite piqûre de rappel : même si c’est facile après un passage vertical, on protège la sortie car risque de retour au sol !!!
On sort de nos 4 grandes longueurs de mixte pas peu fières. Pourtant, la course est loin d’être terminée, s’ensuit une traversée d’arête sur le fil alternant neige et rochers jusqu’au « vrai/faux » sommet des Grandes Lanches.
Le grésil fait même place à un rayon de soleil pour nous accueillir et nous ouvrir le paysage sur le vallon du Merlet. Enfin, on entreprend la redescente par un couloir jusqu’au Col du Pertuis, puis la redescente par le couloir du Pertuis jusqu’à notre dépose de matériel. Bien que la journée nous parût interminable, le timing est respecté ! Notre rétroplanning a fonctionné comme sur des roulettes, on est au parking à l’horaire fixé pour terminer en beauté.


Direction un bistrot allevardin pour un debrief final autour d’une pizza partagée. C’est mal nous connaître, finalement on surenchérit sur le projet final. Seb dans son enthousiasme légendaire, nous transmet avec toute sa générosité autant de propositions de courses qu’on n’aurait jamais imaginées, et nous aiguille sans jugement sur nos plans initiaux. Une belle fin de cursus en Belledonne, qui augure de prochaines aventures !!! Un tout grand merci à Seb, pour ce dernier voyage en demi-groupe.
Un tout grand merci à nos 2 guides : Maxime Fiorani et Sébastien Escande, pour ces 2 années de formation riches en aventures. Une spéciale dédicace à Séverine et Lara, nos 2 supers responsables bénévoles, merci pour leur investissement et leur bienveillance sans faille, pendant ces 2 ans. Merci à Christophe Moulin pour les 2 journées de formation glace qui resteront gravées.
Merci à notre partenaire Millet, leurs habits techniques ont été si précieux en montagne.
Merci à la région Auvergne Rhône-Alpes pour son soutien.
Et enfin, un immense Merci à la FFCAM de promouvoir le GFHM.

Pour l’équipe, Laura, Marjo, Marion R-S et Oriane






