Le Piz Bernina, objectif phare du camp… Sommet mythique des Alpes situé à 4000m d’altitude. Course d’envergure par sa longueur et son altitude ! L’occasion pour nous de pratiquer une course d’alpinisme estivale très complète !
J6: Petite pause et on repart en bivouac !
Le créneau météo est enfin là. À peine redescendues de la cabane d’Es-Cha et après une courte navette en voiture, on refait déjà les sacs à dos pour repartir en fin de matinée trouver un bivouac aux alentours de la cabane de Tschierva. Comme pour les jours précédents, en raison de notre organisation laborieuse de dernière minute et des limitations “covid” dans les refuges, nous n’aurons pas de place au refuge le soir même. Seulement à celui de Marco e Rosa, côté italien, pour la nuit suivante.
Casse-tête royal pour tout le monde : comment faire pour porter le moins de poids possible tout en dormant au chaud ? Après des plans A, B, C… nous choisissons finalement un plan D ! Montée en calèche, bivouac “on verra bien où”, courses des Piz Bernina et Piz Palü avec sacs légers en laissant le matériel de bivouac, puis redescente en vallée refaire nos sacs pour le retour pendant que Seb et Max monteront en vélo électrique récupérer nos affaires de bivouac laissées le premier jour. Un vrai plan “escandien” comme on les appelle !



Petit déjeuner trois étoiles au soleil et préparation des affaires pour Gaëlle – © Maxime Fiorani & GFHM
Nos capacités d’optimisation et notre efficacité sont donc mises à rude épreuve. Quelques mousquetons à vis, quelques sangles, une broche, deux kits crevasse pour tout le monde. Aucun gramme inutile ne sera ajouté à nos sacs à dos, Seb et Max y veilleront de près ! En revanche, Seb ne sera pas très regardant sur le poids de l’apéro : il préfèrera de loin fermer les yeux sur un paquet de pistaches plutôt que sur un mousqueton superflu ! 😉
On avale un petit déjeuner royal dans l’herbe au son d’un petit groupe de musique local venu jouer pour les paroissiens du dimanche, mais cette fois pas le luxe de se prendre une petite douche dans le lac, on est déjà en retard sur le timing !

Nous voilà partis depuis Pontresina en calèche avec nos sacs de bivouac pour parcourir les 8 premiers km de la route du Val Roseg. Moment épique… Les guides ne rêvent que d’une seule chose… Sauter sur les vélos qui dépassent notre carriole lancée à “vive allure” pour gagner quelques précieuses secondes. Seb, comme à son habitude nous dégotte un bivouac hors pair… Une petite cabane de berger perdue au milieu de la nature… Et pour une fois, la pluie ne s’invitera pas à la fête !
J7: Piz Bernina (4049m) par la Biancograt
Le réveil nous sort de nos rêves à 1h… Tout le monde avale le plus vite possible sa “poudre” du petit déjeuner pour s’assurer de tenir la longue journée qui nous attend ! Et c’est parti.
Après la remontée d’une pente de neige et d’un court passage rocheux, nous voilà sur la fameuse arête de la Biancograt. Arête majestueuse et vertigineuse, élancée à près de 4000m d’altitude offrant un panorama unique sur les massifs suisses.


Faustine dans la partie rocheuse (à gauche) et la Biancograt (à droite)- © Maxime Fiorani & GFHM
C’est le souffle court que nous la gravissons lentement… Elle semble interminable… Nous sommes transportées hors du temps… C’est là que la montagne prend tout son sens. Se surpasser, aller au delà de soi pour voyager, explorer et se délecter de moments uniques et si précieux ! Des voyages qui se racontent difficilement mais qui se vivent au présent !



Les cordées évoluent vers le Piz Bianco par l’arête Biancograt – © Maxime Fiorani
D’autant plus que sur une arête neigeuse, la concentration est de mise. Nous sommes encordées deux par deux et notre sécurité est assurée uniquement par une corde tendue à 1m50 de chacune. La chute n’est pas une option. La complicité d’équipe n’en est que renforcée!
Max et Seb (gauche) et toute la team (droite) au sommet du Piz Bernina- © GFHM & Maxime Fiorani
Après le sommet, une pause photo et une tape dans la main commence la partie en rocher pour descendre en direction du refuge Marco e Rosa. Cette course requiert tous les outils de notre formation : des anneaux, peu d’anneaux, pas d’anneaux, un rappel, 2 rappels, de l’assurance en mouvement… tout y passe… on va vraiment finir par être bien rodées !… 😉


Descente en direction du refuge Marco e Rosa – © GFHM & Maxime Fiorani
Et pour couronner le tout, nous sommes dans les temps de course ! Une grande première pour un groupe de 9 personnes ! Faustine nous avait mis au challenge pour y arriver, elle a perdu son pari et nous offre une tournée au refuge, que nous finirons en séance d’étirements collective à l’intérieur !

J8: Traversée des Piz Palü (3900m) W > E
Notre dernière journée en Bernina commence aux aurores, sous un magnifique ciel étoilé. Le mauvais temps sera de retour en milieu de journée et pas question de ne pas profiter au maximum des derniers instants passés ensemble dans ce somptueux massif.


Un départ matinal sous les étoiles pour éviter la pluie et lever du soleil sur l’arête avec en toile de fond le Piz Bernina- © GFHM & Maxime Fiorani
Les sourires n’ont pas quitté notre visage depuis la veille et malgré les journées qui se sont enchainées, les jambes et la motivation sont bel et bien présentes ! Notre objectif du jour est la traversée des Piz Palü d’ouest en est : une course variée de niveau PD+, alternant marche glaciaire, arête rocheuse et arête neigeuse.
Pendant la première partie de la course, nous slalomons entre les imposants séracs et les ponts de neige du glacier bien crevassé de Morteratsch que nous avions repérés la veille depuis la Biancograt. Aux premières lueurs du jour, nous prenons pied sur l’arête rocheuse. Sous le regard bienveillant de nos guides, nous avançons sûrement et à bonne allure sur cette arête facile mais esthétique au panorama cinq étoiles !
Force est de constater que cette semaine de camp nous a apporté une réelle progression dans la rapidité de nos manips de corde, notre prise de décision et notre confiance en nous. La course déroule mieux que jamais et c’est un bonheur partagé pour chacune d’entre nous de voir nos récents progrès.

Changement d’ambiance pour la fin de la course : arête neigeuse effilée qui n’est pas sans nous rappeler la merveilleuse Biancograt de la veille, dont le souvenir est encore bien vif dans nos esprits. Nous évoluons à travers un décors poétique où un dégradé de bleu s’étend loin loin à l’horizon ! Max met à profit ses talents de photographe et profite de chaque point de vue, chaque angle et de chacune de nos actions pour mitrailler avec son appareil photo tant le décor est inspirant.
Derniers pas sur le glacier, dernières blagues, dernier lovage de corde, derniers fous rire… Il est temps à présent de faire nos adieux à ce beau massif dans lequel chacune d’entre nous aurait aimé passer davantage de temps. Il reste encore de beaux projets et de belles ascensions à réaliser là-bas, nous y reviendrons !


Fin de l’arête et traversée du glacier pour Marion, Marie J. et Faustine – © GFHM
Avant de prendre la route et de retourner chez nous, nous nous accordons une longue pause réconfortante accompagnée d’une douche, de bières et de chocolats chauds. Pendant celle-ci, nous prenons le temps de faire un débrief très complet de cette semaine. Jamais une sortie ou un week-end n’ont été dispensés de leur débrief tant ces moments sont importants pour nous et pour les guides, afin d’exprimer et de comprendre nos attentes, nos ressentis, les points positifs, ceux à améliorer, les erreurs à éviter et les choses qui nous font progresser.
Cette fois-ci, tout le monde est unanime : ce projet fut une expérience incroyable pour chacune et chacun d’entre nous. Riche techniquement, physiquement mais surtout humainement.
Mais cette aventure n’aurait jamais été la même sans Seb et Max. Ils nous ont motivées à réaliser un projet dans les alpes suisses car ils savaient que c’était le terrain de jeu idéal pour voir grandir notre autonomie. Ils nous ont permis de garder espoir avec leur positivisme à toute épreuve quand la situation sanitaire remettait en cause le projet. Ils ont gardé leur sourire et leur humour malgré les bivouacs, la poudre du petit déjeuner ;-), les sacs lourds, la pluie, notre inertie de groupe, les horaires de courses explosés, nos rires discrets et nos blagues pas drôles. Ils ont été bienveillants et encourageants tout au long de notre apprentissage, et nous sommes heureuses aujourd’hui de les rendre fiers par le chemin que nous avons parcouru. Mille merci à vous pour ces moments partagés !

Un grand merci à l’Association des Amis de Livio Benedetti pour son soutien et aux autres partenaires qui se sont embarqués avec nous dans cette aventure : Uriage, Whympr et Beautysané.
Un immense merci également à ceux qui nous ont soutenus et accompagnées tout au long de nos deux années de formation : Julia, guide de Haute Montagne, pour les moments partagés et tout ce qu’elle nous a généreusement appris ; aux filles des promos précédentes qui continuent de faire vivre l’esprit GFHM et de nous accompagner ; au Comité Régional Auvergne Rhônes-Alpes et à nos partenaires, Petzl et Millet. Nous leur en sommes particulièrement reconnaissants.
Mais l’aventure ne s’arrête pas là, car un projet en amène un autre, et encore un autre, et ainsi de suite. Et l’aventure continuera tant qu’il y aura des montagnes, des rêves et des amies pour les partager.

En espérant par ces quelques lignes avoir inspiré chez vous aussi de beaux projets…
Faustine, Gaëlle, Lara, Marion, Marie J., Marie P. et Zoé.
Et, en BONUS! Un petit clin d’oeil pour nos guides :
“Tout caillou en bas… ne remontera pas !” – Sébastien Escande, 14 juillet 2020
“It will be completely… the bordel !” – Maxime Fiorani, 20 juillet 2020
