Ça y est, 3 semaines après les sélections, le premier week-end GFHM est arrivé. Suite à plusieurs échanges de messages, le programme tombe en début de semaine. En prévision, deux jours à la Grave avec pour objectif de travailler les différentes techniques d’encordement et les manips de secours en crevasse le samedi et de monter au Pic de la Grave par l’arête Nord-Est le dimanche. Coup de chance, Lucile a une maison de famille juste au-dessus de la Grave ! Ni une, ni deux, nous nous organisons pour passer une première soirée toutes ensemble là-haut, arrangement aussi bienvenu car il nous permet de repousser un réveil légèrement trop matinal pour certaines. En parallèle les guides nous lâchent des informations sur le programme et une liste bien détaillée du matériel à apporter avec nous.
Jour-J-1, Vendredi 17h. La moitié des filles sont arrivées sur place, les autres se préparent à partir d’Annecy ou de Grenoble mais un message des guides chamboule notre organisation : journée de dimanche annulée pour cause de météo capricieuse. Les rafales de vent annoncées à 120 km/h et les averses dès la fin de matinée les ont bien refroidis… Certaines essaient d’argumenter et d’insister pour ne pas annuler la nuit en refuge et les attractions dans les crevasses mais impossible de les faire plier : samedi nous monterons au Pic de la Grave et dimanche nous nous occuperons de notre côté (grimpe, manip…). Heureusement, la plupart d’entre nous ont leurs cordes et leurs chaussons dans le coffre, pour le logement et la nourriture ce sera l’improvisation : première leçon du GFHM, être flexible sur l’organisation !
Nous nous retrouvons quand même avec une bonne humeur débordante, des bières, du vin et du fromage pour fêter notre deuxième rencontre. Au menu de la soirée : apéro pour faire connaissance, tour des surnoms de chacune et essayage des tenues. On se croirait un peu dans un remake montagnard de Pretty Woman : notre partenaire Millet s’est vraiment montré généreux et les tenues sont super chouettes : à nous la montagne ! Sur ce, la nuit est un peu compliquée entre l’excitation de la sortie, de nos nouvelles fringues et de la rencontre avec les guides (que nous avons un peu du mal à cerner à travers les messages d’orga) le sommeil se fait attendre !
Jour J, 6h00. Le réveil sonne et malgré l’heure matinale nous sommes toutes contentes de partir en montagne. Nous rejoignons les guides sur le parking avec pour objectif de leur faire accepter un briefing autour d’un café et de croissants.

Seb et Max ont l’air aussi enjoués que nous de cette rencontre ! Au vu de la queue devant les bennes, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la brillante idée de monter sur le glacier aujourd’hui. Le café est reporté et nous nous répartissons rapidement les cordes et les snow-plaques prêtées par Seb (technologie dont il est un des inventeurs, qui tient lieux de raquettes à fixer sur les crampons pour ne pas s’enfoncer dans la neige, plutôt humide vu les chaleurs des derniers temps) avant de filer récupérer les forfaits. Nous profitons de la file d’attente pour faire un premier tour de table pour se présenter mais également donner nos attentes, envies et questions sur la journée qui nous attend. Nos motivations sont en accord : nous allons utiliser cette journée pour faire connaissance, réviser les acquis et se remettre en jambe ! La discussion continue dans la montée autour du matériel à avoir sur soi lors des sorties et de l’étude de la cartographie et de l’itinéraire pour monter au Pic.
A l’arrivée nous nous faisons surprendre par le vent qui souffle déjà fort, le café est définitivement annulé, nous sortons les doudounes, les gore tex et les baudarts, fixons les crampons et c’est parti.

Nouvelle leçon : l’encordement et les nœuds associés. Une fois les cordées formées et encordées, nous partons avec comme première ligne de mire la rimaye. En cours de marche, nous commençons à charrier Max sur sa passion pisse debout et sur nos doutes par rapport à l’utilisation de l’outil pendant les courses. Il en ressort le lien avec le MAM (Mal Aigu des Montagnes) et l’importance de s’hydrater pour lutter contre les pertes excessives d’eau dues à l’altitude et à l’hyperventilation et réguler les électrolytes.

Pour le passage de la rimaye deux stratégies nous séparent en 2 groupes : 4 passeront par la gauche avec Seb, les autres par la droite avec Max. Il s’avère que la deuxième est gagnante : le risque d’avalanche dû à la présence d’une couche fragile et de pentes exposées font faire demi-tour au premier groupe qui revient sur ses pas pour prendre la voie de droite.

Pendant ce temps, les autres filles et Max ont rejoint l’arête rocheuse, malgré quelques enfoncements dans la neige molle. N’aurions-nous pas un peu trop abusé du fromage la veille ? Pour ne pas perdre de temps, qui est une denrée précieuse lorsque l’on évolue à 4 cordées, nous commençons la partie rocher en cordées autonomes réversibles. Max vérifie les poses de points et les relais. Le rocher est beau, mélange d’ocre et de mousse verdâtre, et les prises sont bonnes : un vrai régal quoi ! Bien que nous n’ayons jamais pratiqué ensemble, la progression est plutôt fluide et rapide. Nous essayons de ne pas perdre trop de temps aux relais, largement aidées par le vent qui fait claquer les dents de certaines. Cette partie rocheuse nous a permis de travailler la progression en corde tendue plus ou moins rapprochée (avec ou sans anneaux à la main) en fonction du terrain.

Une fois de retour sur la neige, nous accélérons un peu le pas, d’une part à cause du danger des pentes neigeuses qui chauffent mais également pour le retour en benne : « le sport sans effort » est le nouveau slogan du groupe, aucune envie de redescendre à pattes ! Le passage plus critique de la rimaye (en glace) est assuré par la pose d’une broche et par le planté de piolet, la sensation est des plus agréables. Petite déception, nous n’avons pas le temps de tester les snow-plaques, mais Seb met quand même les siennes et gambade à côté de nous. Une fois arrivées sur la partie plate du glacier vers l’arrivée du téléphérique, nous décidons d’un commun accord de réaliser une pause ravitaillement qui avait été oubliée jusque-là. Les cookies, le fromage, les graines, tout le monde a faim ! Une fois les ventres remplis, le dernier défi de la journée est de poser un corps mort, avec une corde sous tension. Nous nous retrouvons à creuser dans la neige avec les guides qui tirent sur les cordes, soi-disant pour nous mettre en situation réelle, mais il est clair que ça les fait bien rigoler !
Il est finalement l’heure de redescendre, en s’entendant rigoler d’une benne à l’autre, Seb nous fait un aveu : « S’il y a bien quelque chose qui ne change pas d’une promo à l’autre, c’est la bonne humeur et l’intensité des rires. Vous ne vous rendez pas compte du boucan que vous pouvez faire sur un glacier ». Oups, la discrétion ce n’est peut-être pas notre fort ! Nous décidons de faire le debrief au bar : rien ne vaut une bonne bière pour apprécier la fin de la journée ! Tout le monde est heureux de cette première course, la fatigue se fait un peu sentir mais l’enthousiasme à l’idée de ce que l’on va pouvoir faire toutes ensemble durant ces deux ans et des sorties à venir est plus fort. Nous nous sommes bien remarquées avec nos tenues assorties, et à la demande d’explications de qui nous sommes, la réponse qui sort du tac au tac de Cyrielle est « Les miss Frances de la montagne ». Le concept est posé !
Une fois les guidos libérés, nous profitons de cette soirée ensemble pour aller au resto et décider de notre programme du lendemain. Le but sera de bosser les manips de mouflage que nous n’avons pas pu voir sur le glacier, mais également de mettre en commun toutes les informations transmises et surtout de continuer ce week-end toutes ensembles ! Après une nuit dans un gite près de la Grave, nous envahissons le bas d’une falaise de grimpe et nous commençons à bosser les manips. L’exercice est bienvenu pour toutes car il nous permet de rafraîchir et d’apprendre de nouvelles techniques mais également de confirmer entre nous ce que les guides nous ont conseillé la veille. Nous poussons même le bouchon avec Maria qui nous initie à la remontée sur corde, en tong le travail paraît laborieux ! À la suite d’un dernier ravito toutes ensemble, les gouttes de pluie sonnent la fin du week-end.

Cette première expérience toutes ensemble a été vraiment super : accompagnée de rires et de blagues du début à la fin du week-end ! La cohésion au sein du groupe et avec les guides s’est montrée forte dès le début et nous avons vraiment été mises en confiance techniquement par la réalisation de la course qui alliait évolution sur glacier et sur rocher. Vivement la prochaine !!
Adeline, Cyrielle, Lucille, Vanessa, Maria, Charlotte, Elodie et Sophie