Si vous pensiez que « féminin » rimait avec « soleil », « papotage » et « détente », accrochez vos chaussures (à talons cramponnables), on vous embarque pour un week-end qui décoiffe !
Thème de ces deux jours : on défie les éléments !
J1 : « Tempête de sable »

Ce début de saison était particulièrement propice à l’alpinisme hivernal. Bonnes conditions en cascade de glace, goulottes bien fournies, arêtes enneigées… ça tombe bien, la motivation du groupe est à son comble pour aller se tester sur ce terrain-là !
Et pourquoi partir loin quand on peut explorer la montagne à deux pas de chez soi ? Le massif de Belledonne offre une multitude d’itinéraires possibles pour l’alpinisme hivernal, et avec les contraintes actuelles de couvre-feu, de fermeture des refuges et de météo capricieuse… c’est l’option idéale ! D’autant que c’est le terrain de jeu favori de nos guides, Seb et Max, qui en connaissent les moindres recoins !
Nous voici donc parti.e.s samedi avec Seb, Max et Firmin (aspirant guide en tutorat) pour la goulotte “Est-ce qu’on baille ?”, à la pointe du même nom (du célèbre ouvreur S. Escande 😉).
On se met de suite dans l’ambiance lors de l’approche à ski : les montagnes semblent en feu, le ciel est orange et une fine couche de sable recouvre par endroit la neige. C’est le Sirocco, phénomène rare de vent chaud venu du Sahara, qui nous accompagnera tout au long de la journée. Nous ne sommes pas les seuls en haut de la Croix de Chamrousse : plusieurs randonneurs et raquetteurs sont venus admirer ce spectacle rare malgré la tempête.
Après une courte descente à ski, nous choisissons un point stratégique pour la dépose de notre matériel de ski à l’abri du vent, qui s’annonce croissant au fil de la journée… Rafales à 120 km/h à 15 heures, il ne va pas falloir traîner dans les longueurs !
Pour plus d’efficacité, nous avions choisi de nous répartir dans différentes voies. La voie classique “Est-ce qu’on baille” et une variante de celle-ci, empruntant une rampe facile à droite du départ. Au pied de l’itinéraire, les conditions semblent vraiment excellentes. Une nouvelle ligne plus à droite attire d’emblée l’attention de Seb et Max, qui avec l’œil expert, nous disent qu’il y a quelque chose à aller explorer par là-bas. Chouette.
Ni une ni deux, on troque les skis contre les crampons, on enfile les baudriers, on y accroche coinceurs, sangles, broches… et c’est parti !



Marie P., Marion et Gaëlle dans leurs longueurs respectives – © GFHM
Chacune dans nos lignes respectives, nous alternons montée rapide en neige molle, petits pas techniques sur caillou (“attention en Belledonne il faut se méfier des cailloux !”), crochetages d’arbres avec les piolets et coups secs de lame dans la glace. Les longueurs s’enchainent bien, nous sommes globalement isolées du vent et la bonne humeur est là !
Il semblerait que la cordée Gaëlle – Lara – Max ait bel et bien ouvert une ligne dans l’itinéraire qui leur faisait de l’œil… à voir si d’autres personnes y sont déjà allées, n’hésitez pas nous le faire savoir si vous en savez plus ! En attendant, ils l’ont nommée : “Sirocco” (allez savoir pourquoi !). Le départ se situe bien plus à droite de la ligne classique, avec un début en mixte assez vertical, puis deux longueurs plus faciles en traversée pour prendre pied sur un éperon, avant de rejoindre le pied de l’arête aérienne (que l’on peut également contourner par le bas, comme ils l’ont fait). A noter que R2 peut se rejoindre par une rampe facile, itinéraire alternatif au départ de “Est-ce qu’on baille” dont nous parlions plus haut.
Quelques apprentissages de ces premières longueurs, qu’il nous semble “important” de partager :
1. Toujours penser à bien remonter le col de la veste jusqu’en haut et garder la capuche, ça évitera de se faire rincer par les spindrifts…
2. “Quand on voit un pin, on le sangle !” dixit maître Escande
3. Quand on dit “prendre un jeu de friends”, on ne s’attend pas à en avoir que 4 ! #boulettedujour
Une fois les 4-5 longueurs terminées, les différentes cordées rejoignent le même itinéraire, pour finir sur l’arête terminale, neigeuse et aérienne. Nous nous faisons cueillir par des rafales de vent peu commodes, qui forcissent au fil du temps. Les grains de sable fouettent nos visages, et une fois retournées à nos skis, c’est carrément au sol qu’il faut se coucher pour ne pas tomber. Nous redoublons de précautions lors de notre retour à ski, tant les rafales sont fortes du côté de la Croix de Chamrousse, pour ne pas nous faire emporter par le vent dans les falaises environnantes.
Dernier enseignement de la journée :
4. Le danger n’est pas toujours là où on le pense. On reste vigilant.e.s jusqu’au bout !
Pas le temps de débriefer, le couvre feu est quasi là… On se sépare pour mieux se retrouver le lendemain. Les conditions étant excellentes on décide de rester dans la même zone géographique, côté Casse Rousse cette fois.
Les conditions météo s’annoncent cette fois-ci… neigeuses !
J2 : « Tempête de neige »

Pluie… essuie glace… l’eau qui ruisselle sur nos vestes… bon. Il est 6h30 dans la voiture. On se dit que jusqu’à présent, de toutes les conditions GFHM, on n’était encore jamais parties sous des trombes d’eau.
Coup de génie, talent, expérience… ? On reçoit un texto dans la voiture de Seb et Max qui changent le point de départ. On partira finalement d’un parking situé plus haut en altitude et donc… départ sous la neige ! Et oui, une course c’est en perpétuelle évolution et il faut rester en permanence aux aguets pour tout optimiser. Super choix, notre motivation est reboostée et nous serons moins mouillées… au moins pour commencer.
Approche à ski. De loin, le repérage est rendu difficile par la neige qui diminue la visibilité, mais arrivé.e.s au pied des falaises, les lignes semblent évidentes. Une nouvelle fois nous nous répartissons en trois cordées, chacune dans une ligne différente. Une dans la voie classique du Couloir du Bout, deux autres dans des lignes alternatives.
Les lignes ne sont pas exposées aux avalanches et tant mieux vu les 20 cm de neige fraîche tombés cette nuit. Les longueurs sont courtes et de difficultés modérées avec beaucoup d’arbres, permettant de poser régulièrement ancrages et protections. Les broches ne serviront à rien aujourd’hui.
Belle ambiance, belles longueurs, mais les conditions nous mettent à rude épreuve. Il fait froid, il neige, l’attente au relais nous transforme en bonhomme de neige sous les spindfrifts. Rapidement, nos couches supplémentaires dans le sac semblent superflues : on est autant mouillées dehors que dedans et il faudra faire avec pour le reste de la journée.
Chacune dans notre ligne et à notre relais, on a le sentiment que la journée se transforme peu à peu en mission. Le ratio plaisir/dépassement de soi s’inverse peu à peu. Malgré cela, chacune gardera le mental pour se mettre de beaux combats en tête et conservera son sourire tout au long de la journée. Seb, Max et Firmin garderont leur confiance, leur smile et leur énergie jusqu’à la fin de la journée. Quelle team !


Beaux combats en tête pour chacune – © GFHM
Au final pour deux des cordées, c’est le but dans la ligne. Les conditions, l’enneigement et la difficulté font que la poursuite de la course n’est pas possible. Un rappel est posé sur un sapin : demi-tour, retour au ski, un peu déçu.e.s certes mais le chaud et le sec ne sont plus très loin !

Pour la troisième cordée Faustine – Lara – Max, c’est un itinéraire alternatif qui est emprunté. Un slalom entre les sapins direct au-dessus de la première sortie du Couloir du Bout, qui permet de rejoindre l’arête neigeuse terminale de façon directe. Une nouvelle variante ? À confirmer, mais il semblerait que cet itinéraire n’ait pas encore été parcouru. Nous la nommerons provisoirement : “La directe du GFHM”.

Arrivé.e.s au sommet, c’est une course contre la montre qui débute : on court dans la neige fraîche au point d’en oublier les cuisses qui brûlent ; on court pour troquer les chaussures d’alpi contre les chaussures de ski et on bourre tout dans le sac ; on court dans la descente à ski pour rejoindre le parking avant la nuit et le couvre-feu.
Finalement, au chaud à la maison et après une bonne douche, on finit par se réchauffer. Le matos étalé partout dans la maison et qui dégivre lentement en dit long sur la journée.
Nous sommes chacunes crevées, courbaturées, lessivées… mais heureuses ! Chaque moment passé en montagne est un plaisir et quand on arrive à garder le sourire, on apprend toujours, quelle que soit la situation !
Un merci spécial à Firmin qui s’est joint à nous pour ces deux jours ! On te souhaite une belle réussite pour le guide !
Encore merci Seb et Max pour vos idées inépuisables, votre motivation contagieuse et votre confiance à toute épreuve ! Vivement la prochaine formation !
Faustine, avec Gaëlle, Lara, Marie P. et Marion.
Les itinéraires ouverts en détail:
https://www.camptocamp.org/routes/1286771/fr/pointe-escombailles-sirocco
https://www.camptocamp.org/routes/109670/fr/croix-de-chamrousse-couloir-du-bout