Ski – alpinisme dans le massif du Mont-Blanc en demi-groupe

 8 et 9 mars 2024

Après s’être essayées à la goulotte et aux cascades de glace entre Janvier et Février, nous attaquons Mars avec notre premier weekend de ski !

Nous sommes en demi-groupe avec Max. On commence la préparation du week-end une quinzaine de jours avant la date prévue. Qu’est-ce qu’on a envie d’apprendre sur cette nouvelle thématique du ski alpinisme ? Les idées fusent, on veut faire du glacier, remonter des couloirs en crampons piolets, faire une arête hivernale skis sur le dos, descendre un couloir en virages sautés, revoir les manip’ glacier de progression et de sécurité, voire en bonus trouver une pente raide à descendre… les filles de Chamonix ont pleins d’idées d’application de courses côté Mont-Blanc. 

On propose plusieurs plans à notre guide, le couloir en Y de l’aiguille d’Argentière côté Mont-Blanc, le Mont pourri coté Vanoise et le Choroum Olympique côté Dévoluy. Reste plus qu’à attendre la météo pour finaliser notre choix. On pensait être larges avec 3 belles courses dans trois massifs mais c’était sans compter sur le retour d’Est et son effet de fœhn. Plus le weekend se rapproche et plus les conditions se dégradent. Ça nous semble mal parti. On regarde 5 fois par jour l’évolution en étant de moins en moins optimistes sur les possibilités qui s’offrent à nous. Le jeudi, on cale le programme du samedi : ce sera le col du Passon en démarrant tôt, au-dessus du glacier d’Argentière dans le massif du Mont-Blanc, la tempête est annoncée pour le début d’après-midi. Pour le dimanche, on attend encore de voir l’évolution du vent et des chutes de neige avant de se fixer. 

On se retrouve toutes le samedi matin aux Grands Montets. Direction le glacier d’Argentière, il n’y a pas une minute à perdre si on veut passer le col à temps. On choisit l’option la plus courte pour atteindre le glacier en descendant directement vers la cabane de Lognan plutôt que de basculer par le col des Rachasses. Vers 2300, on re-peaute en direction du glacier d’Argentière. À la bascule sur le versant, on sent les premières bourrasques de vent. Pile à l’heure prévue ! Pas de temps à perdre, les quelques rayons de soleil matinaux se retirent, les nuages arrivent, on sait que ça ne va faire qu’empirer, le vent est annoncé à 160 km/h là-haut pour le milieu d’après-midi. 

Le glacier est bien bouché, et connu pour être très peu crevassé à cet endroit, pas besoin de s’encorder. Par contre, arrivées au pied de la moraine, il faut faire attention aux chutes de blocs de pierre bien visibles qui tombent régulièrement. On met les skis sur le sac pour passer les 50m raides à pied. On rechausse les skis, direction le col. Plus on monte, plus le vent devient fort. Arrivées au pied du couloir, on met nos crampons, 1 piolet chacune, 1 bâton en complément pour les deuxièmes de cordées et on s’active, on y est presque. Nous sommes seules dans le couloir. On progresse régulièrement jusqu’à 30/40 m sous le col. Max nous donne quelques conseils pour bien rester collées à la pente et ne pas se faire souffler. On fait quelques arrêts quand les bourrasques sont trop fortes et on gagne le plus de terrain possible pendant les courtes accalmies. Arrivées sous le col, Max nous demande d’attendre. Au top départ, on passe d’un seul élan le col pour descendre s’abriter derrière un rocher de l’autre côté. Il est 12h30, les rafales sont à 110/120 km, l’objectif d’être en haut avant 13h est atteint mais il ne faut pas traîner, la tempête continue de se former. Impossible de chausser les skis ici, on descend à pied quelques dizaines de mètres. Le vent nous offre un répit confortable pour remettre nos skis et attaquer la descente. 

Plus on descend, plus le vent se calme. La neige soufflée depuis le début devient de la bonne poudreuse. Max en profite pour faire quelques coupes dans le manteau neigeux et nous faire observer les couches de neige. Une fois les difficultés finies et les cuisses ayant bien travaillées, on fait une courte pause pic-nic avant de rejoindre le village du Tour. Nouvel objectif : la boulangerie de l’Alpain pour un debrief et une formation théorique autour d’un bon chocolat chaud. 

Bien installées dans les canapés, on pose toutes les questions qu’on n’a pas eu le temps de poser pendant la course. Pourquoi on ne s’est pas encordées ici ? À quel moment ce passage-là nécessite des crampons ? On emmène quel type de corde si on a juste un glacier à traverser ? Les cordes Gully, elles marchent pour les arêtes ?  Il faut combien de mètres de corde pour s’encorder à la norvégienne à 3 sur un glacier ? C’est quoi déjà l’effet de fœhn ? 

Finalement nous sommes très contentes de la météo du jour, elle nous a permis de mieux appréhender les conditions difficiles qui peuvent intervenir en montagne. 

Nos gâteaux avalés, nous partons en Suisse, chez Oriane, passer la nuit et programmer la course du lendemain. On est comme à la maison. On a pleins de choses à se raconter depuis la dernière fois donc on papote de nos vies, nos projets, nos envies. 

Pour le choix du lendemain, Max nous pousse à nous placer dans notre futur rôle d’initiatrices-alpi : nous avons une sortie programmée avec un groupe, il faut organiser la journée la plus adaptée aux conditions. 

On se penche sur tous nos modèles météo, on compare, on discute, on débat. Difficile de trancher sur la meilleure option. Il va y avoir encore beaucoup de vent en altitude jusqu’en fin de matinée. La neige arrive ensuite mais avec une éclaircie possible en milieu d’après-midi. La température devrait rester constante. Après plusieurs versions proposées, on part sur une première partie de journée pédagogique au chaud – puis une seconde sur le terrain. Pour le lieu, on affinera en fonction des ouvertures de télécabines maintenues ou non le lendemain.

Dimanche on démarre par des exercices pratiques, on a repéré la veille le spot idéal, adapté à l’exercice, à… 4 mètres de la porte d’entrée d’Oriane. Une belle poutre au-dessus du vide avec un petit muret pour se suspendre. L’objectif est de faire une remontée sur corde toutes équipées avec skis, sacs lourds, moufles, doudounes, casques, anneaux de buste etc.

Présentation des étapes d’une remontée sur corde réussie :

Max nous fait la démo et on passe ensuite les unes après les autres. Il a installé un système en moulinette, plus on monte, plus il nous fait descendre. Les 3 m remontées se transforment en 10, histoire de bien prendre le rythme. Nous avions déjà vu la manip’ mais en version allégée (tee-shirt / basket). En faisant cet exercice, on se rends compte que finalement, la remontée en elle-même n’est pas le plus dure une fois que tout est en place. Les étapes d’avant, retirer les skis, le sac et les suspendre sont bien plus fatigantes. On teste aussi nos équipements, des gants trop gros, un sac mal réglé, etc. 

En fin de matinée, direction le plan de l’aiguille. La remontée vient juste d’ouvrir. Arrivées là-haut c’est jour blanc / brouillard. Parfait ! C’est exactement ce qu’on avait prévu. On commence par apprendre à se repérer dans le brouillard. Avancer encordées au milieu des crevasses quand on ne voit pas à 3 m. On teste la technique du lasso de sangles et celle de la sonde lestée. Marion et Estelle décident de mixer les deux pour un résultat optimal, Max valide l’idée, on vient de transcender nos capacités à nous repérer dans le brouillard !

Dernière étape du jour, revoir la mise en place d’un corps mort, le mouflage mariner double en configuration ski de descente. On creuse et on mouline.

La fin de journée se fait autour d’un nouveau chocolat chaud pour débriefer de tous nos apprentissages. 

Ce fut encore un weekend riche. La météo très défavorable nous a permis de bien approfondir nos connaissances techniques et de mieux anticiper les conditions climatiques et de nous éprouver dans un environnement défavorable.

Notre sortie au Col du Passon est publiée sur Camptocamp : https://www.camptocamp.org/outings/1627293/fr/col-du-passon-traversee-s-n-col-des-grands-montets-le-tour

Estelle, Oriane Marion B et Marion R-S 

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