En ce beau week-end de février (une fois n’est pas coutume pour un week-end GFHM), nous voilà embarquées à 7 direction les Hautes-Alpes pour un week-end de formation en cascade de glace. Et qui de mieux pour nous coacher que deux spécialistes de la discipline, Julia VIRAT et Christophe MOULIN ? Ce qui est sûr, c’est que pendant 3 jours, nous avons été poussées dans nos retranchements dans cette discipline exigeante physiquement et mentalement, mais oh combien extraordinaire et grisante. Et le pire, c’est qu’on en redemande !
La cascade de glace est une discipline à part entière avec un diplôme d’initiateur différent de celui de l’alpinisme. Mais il est courant de rencontrer de la glace lors des courses d’alpinisme, et connaitre les techniques de progression et les méthodes d’assurage sur broches est un atout indéniable voire indispensable pour un(e) alpiniste. La preuve nous en a d’ailleurs été donnée en juillet dernier lorsque nous avons découvert que la neige habituelle de la 1ère longueur des Pointes Lachenal avait laissé place à de la glace vive (voir notre compte rendu ici). Mais c’est également une magnifique discipline de montagne, dont certaines sont tombées complètement accro !

Le 1er jour de formation se déroule sur la cascade semi-artificielle d’Aiguilles. C’est un site particulièrement adapté pour apprendre ou revoir les différentes techniques, et permettre à Julia d’avoir l’œil sur tout le groupe. Certaines font leurs premiers pas en tête, d’autres peaufinent leur technique de progression et retrouvent les sensations grisantes de la grimpe en glace. La particularité de cette discipline est que, contrairement à la roche, le support est cassant et changeant. Les mains ne tiennent que grâce aux lames des piolets, et les pieds ne reposent que sur les pointes avant des crampons. Pour ajouter à la difficulté, les broches à glace qui servent à protéger la progression sont à visser dans la glace, et ne sont pas toujours très coopératives ! Ce qui nous vaut parfois de rester plusieurs minutes accrochées à un bras qui tétanise, avec des sueurs froides, et en se maudissant d’avoir choisi cette discipline plutôt que la pétanque. Autant vous dire que nos mollets et nos avant-bras ont doublé de volume en 3 jours !
Julia en profite pour nous faire tester la solidité des lunules, une technique qui nous permettra de descendre en rappel dans une cascade en laissant un minimum de matériel. Conclusion : même en tirant dessus à 7 forcenées, nous n’avons pas réussi à l’arracher ! Julia réduit peu à peu la colonne de glace pour voir le moment où elle va rompre. C’est lorsqu’elle a atteint la taille d’un pouce qu’elle se casse. Nous voilà en confiance pour les nos prochains rappels ! Mais mieux vaut s’exercer à les faire et à les tester les deux pieds au sol que sur une cascade de 50m de haut…

Pour notre deuxième jour, c’est la plongée dans le grand bain : il est temps de mettre en pratique ! Nous partons dans le vallon du Fournel afin de trouver des grandes voies. Deux cordées sont déjà dans la voie Mais je rêve que nous convoitions, nous changeons donc nos plans pour ne pas se retrouver sous leurs chutes de glace. Lara, Marie J. et Marion partent dans Brindilles avec Christophe, alors que Faustine, Gaëlle, Marie P. et Zoé partent dans Délicatesse avec Julia.

Le redoux est plus rapide et plus important que prévu, ce qui met nos nerfs à rude épreuve. Nous devons constamment surveiller l’état des broches et de la glace qui évolue rapidement, et nous veillons à bien protéger nos relais des possibles chutes de glace. C’est aussi une excellente occasion pour nous d’analyser tous les paramètres et toutes les conditions pour prendre les décisions adéquates.
Certains passages plus techniques nous mettent également au challenge. La glace est fine par endroit, il faut choisir avec soin où brocher. Nos coachs ne cessent de nous encourager et de nous conseiller, heureusement qu’ils sont là ! C’est dur, éprouvant, mais on s’accroche et toutes les cordées sortent par le haut. Nous sommes fières d’en être sorties !

Pour notre troisième jour, et en raison du redoux bien marqué de la veille, nous décidons de ne pas nous engager dans une autre grande voie mais de travailler l’efficacité et la rapidité pour la réalisation des relais et des manips de corde. Nous nous rendons à Crévoux, un site d’une incroyable beauté et un terrain de jeu extraordinaire.

Christophe, fort de son expérience d’encadrement des groupes élites pendant de nombreuses années, nous explique comment optimiser l’organisation au relais, et Julia, infatigable hyperactive, nous donne toutes les techniques pour gagner en rapidité. La leçon que nous retirons de la journée : il faut toujours faire quelque chose au relais (en plus d’assurer bien sûr) !
Comment organiser son relais pour gagner en efficacité et en rapidité : explications de Christophe… – © Julia VIRAT Et mise en pratique immédiate – © Julia VIRAT
Aussi dit, aussitôt fait, nous mettons immédiatement en pratique les enseignements. Nous coupons les longueurs de 30 mètres en 2 pour pouvoir construire un relais sur broches au milieu de la face. Il est beaucoup plus facile de relativiser nos problèmes du quotidien quand on se retrouve pendue de longues minutes là-dessus !


Nous finissons en moulinette sur des voies plus dures pour travailler les placements et le relâchement, indispensable pour éviter les crampes dans les longueurs longues et soutenues.
Travail de la technique à Crévoux – © GFHM Crévoux – © GFHM
Un immense merci à nos guides du week-end, Julia et Christophe, qui nous ont fait partager à la fois leurs techniques, leur grande expérience et leur passion pour la glace. Comment ne pas tomber amoureuse de cette discipline lorsque ces deux spécialistes nous coachent et nous motivent ? Au bout de 3 jours, nous sommes (re)devenues complètement accros et il est difficile de lâcher nos piolets pour redescendre dans la vallée. La saison de la glace est malheureusement courte, il faut savoir en profiter !

A bientôt en montagne !
Zoé avec Gaëlle, Lara, Marion, Marie J., Marie P. et Faustine.