Et si on partait voyager au Pays de la Selle…Week-end grandes courses avec Seb Escande

21-22-23/07/2023

Chose promise, chose due ; finie l’inertie de 4 cordées à la queue leu-leu et l’enjouement de 8 nanas en haute montagne. Ce weekend, la team GFHM est scindée en 2 groupes pour gagner en efficacité, apprentissages et optimiser la réussite dans ses projets. Et oui, pas facile de jongler avec la météo estivale capricieuse de ces derniers jours. Une team Écrins et une team Wallis tenterons d’aller chercher le soleil pour accomplir de belles courses : tirage au sort oblige, c’est le hasard qui décide. 

C’est donc avec enthousiasme que Caro, Marion, Karine et moi-même organisons notre futur weekend au Pays des Ecrins, sous les conseils avisés de notre guide : Sébastien Escande, qui connaît le massif comme sa poche. Après maintes et maintes options évoquées, c’est le Vallon de la Selle qui retient notre attention. RDV est donné au pied du téléphérique de la Grave pour 7h30 vendredi matin. Aïe… on avait pourtant anticipé : la veille on avait établi notre QG à Vizille pour se rapprocher de la Grave et bien c’est raté. Le vent en altitude et le grésille retardent l’ouverture de la benne. Plan café amorcé. On topote, on papote dans l’incertitude de l’ouverture de la télécabine. Le weekend s’annonce chargé : une exploration dans le versant SE du Pic de la Grave by Seb, une voie à la Pointe Thorant rarement parcourue et un pilier au Râteau W… 

Aux alentours de 9h30, le soleil pointe le bout de son nez. On peut enfin s’élancer la fleur au fusil dans les petits œufs de la télécabine de la Grave, bon eux ils ne sont pas pressés. Une montée au ralenti nous attend, à cause des rafales de vent, et nous permet d’admirer la Reine Meije qui nous domine.

Oriane, Karine, Caro et Marion dans le téléphérique de La Grave – © GFHM

Arrivés au sommet de la Gare, nous nous équipons et nous dirigeons en direction du Pic de la Grave. Non non, pas pour la VN mais bien pour tenter une ouverture dans la face SE repérée par Seb. Karine prend le lead et nous ouvre une belle trace pour franchir la rimaye et gagner gentiment la brèche en dessous du Pic de la Grave.

Vers le Pic de La Grave – © GFHM

De là, un cheminement astucieux nous permet de progresser jusqu’à l’antécime Est du Pic (https://www.camptocamp.org/routes/1559899/fr/pic-de-la-grave-pilier-sud-est-les-exploratirces). C’est l’occasion pour nous d’appréhender la grimpe en grosses, d’automatiser la pose de protections et de gérer le type de progression : à la laisse, corde tendue ou encore longueurs, sous la supervision bienveillante de Seb.

Dans la nouvelle voie ouverte au Pic de la Grave – © GFHM

Ce n’est pas le tout, mais à ce rythme là on va bientôt louper la soupe ! C’est peu connaître la gentillesse de l’équipe du Refuge de la Selle. Un petit WhatsApp pour informer de notre retard bien malgré nous, et finalement tout le refuge nous attendra pour savourer les bons petits plats. Discussions animées, on se remémore les instants de cette première journée et étudions le projet du lendemain.

Réveil 4h samedi, objectif le Pilier Rouge de la Pointe Thorant. On aurait apprécié être revigorées par une bonne nuit de sommeil, bah c’est loupé, pourtant on avait le meilleur dortoir (dixit Seb). L’excitation et le stress ne nous ont pas vraiment laissés tranquilles. La journée commence par une marche d’approche bien chaotique avec le recul glaciaire. On alterne chemin carné, pierriers, dalles lisses, névés.

Heureusement, on arrive au pied de la voie avec un soleil réconfortant. Le granit ocre des Ecrins tel des taffonis Corses, nous tend ses bras. Marion ouvre le bal. Nous attend de la belle escalade et de la recherche d’itinéraire. La voie semble peu parcourue et comme l’annonçait le topo : c’est les longueurs clés qui sont les plus paumatoires. Marion nous trouve un itinéraire astucieux au milieu de cannelures, dièdres, dalles et fissures. Les cotations nous paraissent soutenues mais l’enthousiasme règne jusqu’au sommet de la Pointe Thorant. La désescalade réserve également son lot d’émotions.

Pilier Rouge de la Pointe Thorant – © GFHM

Bon, niveau timing on n’a pas explosé l’horaire, mais pas dit qu’on arrive à l’heure pour le 2è souper au Refuge de la Selle. On envoie notre WhatsApp habituel pour informer de notre futur retard. Ce soir, le refuge est complet, mais l’équipe nous a gardé au chaud notre repas bien mérité. Échanges sympathiques avec randonneurs et alpinistes qui nous questionnent et nous encouragent dans nos aventures.

Malgré notre motivation sans faille et notre volonté, Seb a repéré quelques fragilités et nous propose de revoir à la baisse le programme du lendemain, d’autant plus que le vent s’est invité à la partie et qu’aucun de nous ne souhaite louper la dernière benne. Il nous propose le traditionnel Pilier Paquet au Râteau W, variante Seb. 

Réveil 3h dimanche, la veille on avait fait une dépose de matériel pour s’alléger, qu’on récupère avant de remonter le glacier de la Selle jusqu’au pied du Pilier. Les corps sont un peu éprouvés après ces 2 premières journées intenses. Mais la cohésion de groupe nous permet de trouver des ressources inestimées. Seb nous talonne pour ne pas que le froid nous envahisse. On doit aller vite, en effet le vent et la brume nous donnent du fil à retordre.

Pilier Paquet au Râteau W- © GFHM

La chance est avec nous, les premiers rayons de soleil arrivent peu avant d’entamer les longueurs grimpantes dégotées par Seb. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ;-D Au final, une chose est sûre, on aime bien galérer et ça fait partie de l’aventure. On sympathise avec des cordées voisines sur la dernière partie du fil.

À la sortie du Pilier Paquet au Râteau W – © GFHM

Au sommet, la joie immense nous envahit. Au loin, on aperçoit la télécabine du col des Ruillans qui semble tourner, le vent ayant baissé. Aucune minute à perdre, il faut redescendre. La VN du Râteau W en désescalade nous paraît débonnaire après ces 3 jours à voyager au travers des cimes. On gagne facilement le glacier où l’on prend une cordée en stop, avec laquelle on avait sympathisé pendant l’ascension.

Au sommet du Râteau W – © GFHM
Descente du glacier de la Girose – © GFHM

Retour à la case départ, éreintées mais des souvenirs plein la tête. Nul doute, les Ecrins auront tenu leurs promesses : un massif sauvage, accueillant, alpin, source de belles ascensions. Un grand merci à l’équipe du Refuge de la Selle pour leur soutien, aux cordées croisées pour leur bonne humeur, à notre meilleur partenaire MILLET pour ses vêtements techniques, à notre mentor Seb pour la confiance qu’il nous a accordée et sa transmission de savoirs tout au long du weekend et à l’esprit d’entraide du GFHM ! À bientôt pour de prochaines aventures…

Caro, Karine, Marion et Oriane

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